A Marseille, des sans-papiers et surtout des collectifs qui les soutiennent ont manifesté ce samedi matin contre la loi immigration. Une loi reportée à cause du climat social. Reportée mais toujours en projet.
"Chute de droits", c'est l'un des slogans inscrits sur une pancarte. Dans ce rassemblement, on peut également lire, "Il n'y a pas d'étrangers sur cette terre" ou "Laissez-les grandir ici".
1000 personnes environ se sont retrouvées autour de la porte d'Aix à Marseille, répondant à l'appel de plusieurs collectifs de défense des sans-papiers. Nos journalistes Marielle Coste et Valérie Bour étaient sur place.
Les manifestants dénoncent la "loi immigration", également nommée "loi Darmanin". Une loi qui a pourtant été reportée.
"On pourrait penser que l'annonce du report de la loi est une bonne nouvelle. Mais on voit bien que c'est une très mauvaise nouvelle en fait," démontre Didier Frossard, membre de la Cimade Marseille, "Pourquoi ? Parce qu'on craint, qu'elle soit coupée en petits morceaux et qu'elle arrive au Sénat et à l'Assemblée par petits bouts qui seront extrêmement difficiles à contester."
Le gouvernement propose de faciliter la régularisation des sans-papiers par le travail. A l'heure actuelle, c'est à la discrétion de chaque préfecture.
"On est contre aussi le fait de faire des titres de séjour d'un an, uniquement sur les métiers en tension parce que ça veut dire pas de possibilité de regroupement familial, ça veut dire aussi que les salariés vont être à la merci des patrons," s'inquiète Bernadette Rocher, membre de la Cimade.
Hamid est arrivé en France il y a sept ans avec sa famille, en situation irrégulière, il vit au jour le jour. "Un sans-papier, c'est une personne qui est invisible, une personne qui est en difficulté," raconte Hamid Hadji, du collectif Ensemble pour notre régularisation et intégration. "J'effectue des boulots au noir, à gauche et à droite, pendant des heures et des heures, pour des salaires que je ne peux même pas avouer", confie le manifestant.
La loi inquiète aussi les associations comme Réseau Education Sans Frontière.
"Déjà, actuellement, c'est extrêmement difficile pour les jeunes qui ont vécu ici, qui sont scolarisés ici, d'obtenir une régularisation à leur majorité. La plupart des dossiers se soldent par une obligation de quitter le territoire. Elles ne sont pas exécutées mais qui rendent la vie impossible alors qu'ils ont une intégration par la scolarisation qui est tout à fait réussie", décrit Bernadette Matrat, du Réseau Education Sans Frontière Marseille.
Le projet de loi devait être examiné au Sénat mardi prochain mais Gérard Larcher, président du Sénat, souhaite en débattre dans un climat apaisé, en-dehors du mouvement contre la réforme des retraites.