Marseille : cinq chiffres qui résument l'état des finances de la ville

Les caisses de la ville de Marseille sont vides. Le conseil municipal a débattu ce matin des orientations budgétaires pour l'année. La majorité de gauche a mis l'accent sur la difficile situation financière de la ville. Quelques chiffres pour s'en rendre compte.

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  • 1,5 milliards d’euros de dette

La situation préoccupante de la ville est connue depuis plus d'un an. En août dernier, la Cour Régionale des Comptes (CRC) alertait déjà sur un "mur de la dette" de 1,8 milliards d'euros pour 2017. Ramené au nombre d'habitants, la CRC notait que le montant de la dette Marseillaise est "deux fois plus élevée que la moyenne des villes de taille comparable". 

En 2019, son montant a baissé, passant à 1,5 milliard, mais la situation reste préoccupante. Si la municipalité consacrait l'ensemble de ses ressources au seul remboursement de la dette, il faudrait près de 9 ans pour l'effacer totalement.

  • 200 millions d’euros à rembourser cette année

Peu après son élection, le Printemps Marseillais a commandé un audit financier au cabinet Deloitte. Rendu public fin janvier, il confirme les conclusions de la CRC. Il apparait qu'en 2020, la ville devra rembourser 200 millions d’euros dont 46 millions d'intérêts. L'un des chantiers de la nouvelle municipalité sera de négocier la dette pour baisser cette somme.

  • 61 millions gaspillés dans la gestion du personnel

C'était un des principaux grief de la CRC envers la majorité Gaudin. Entre 2012 et 2017 la masse salariale de la ville de Marseille a augmenté de 11%. Malgré un salaire brut moyen au dessus de la moyenne nationale, la cour notait "le temps de travail des agents marseillais reste inférieur à la durée légale sur la période". 

Suite à une enquête du parquet national financier, l'a justice envisage de renvoyer l'ancien maire devant le tribunal correctionnel pour détournement de fonds publics par négligence.

Selon le rapport de la CRC c'est 61 millions d'euros qui auraient pu être économisés par une meilleure gestion du personnel. De son côté, le rapport Deloittre note tout de même que le coût des 12 000 agents municipaux reste globalement moins élevé que dans d’autres villes similaires.

  • 15 euros disponibles par habitant

Conséquence de cette situation financière, la majorité des recettes de la ville est consacrée à son fonctionnement (salaires des agents, gestion des infrastructures) et au remboursement de la dette. Résultat il ne restait en 2019 que 13 millions d'euros pour investir dans de nouveaux équipements, soit 15 euros par habitant.

A titre d'exemple, le budget de construction de la médiathèque Salim-Hatubou, inaugurée en octobre dernier dans le 15e arrondissement, s'élevait à 4 millions d'euros. A lui seul, le futur groupe scolaire Marceau dans le 3e arrondissemement coûtera 16 millions d'euros.

La situation risque de s'empirer en 2020 avec la crise sanitaire. Joël Canicave, l'adjoint aux finances, estime que le budget de cette année sera négatif de 20 millions d'euros. Pour réaliser les 1,5 milliards d'investissement promis, le maire, Benoît Payan, n'a donc pas d'autre option que d'emprunter... au risque de creuser encore le trou de la dette.

  • 53% de ménages non imposables

Si les problèmes de gestion de l'ancienne municipalité sont pointés, la situation financière de Marseille est également due à la fisaclité. Les impôts représentent près des deux tiers des recettes de la ville. Mais avec 53% de ménages non-imposables, la capacité d'impôts par habitant est de seulement 900 euros, quand elle s'élève à 1122 euros à Nice ou 1352 euros à Lyon.

Ce "potentiel fiscal" va encore être détérioré par la disparition de la taxe d'habitation en 2023, même si l'Etat doit compenser les pertes. Benoît Payan envisage d'augmenter la taxe foncière que paient les propriétaires. Il reviendrait donc sur une des promesses de campagne de Printemps Marseillais : ne pas augmenter les impôts locaux.

D'autre part, la carte de la fiscalité marseillaise a été établie dans les années 1960 selon des critères obsolètes aujourd'hui. Un propriétaire de la Belle-de-Mai, quartier le plus pauvre d’Europe est aujourd’hui plus imposé qu’un habitant du très chic Roucas Blanc. Un inégalité qui vient encore corser la marge de manoeuvre budgétaire extrêmement réduite de la majorité municipale. 

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