L'une fait du jazz méditerranéen, l'autre du reggae. Etranglés par les restrictions sanitaires liées à une pandémie encore galopante de coronavirus, Sylvie et Elvas cherchent comme beaucoup d'artistes quelque notes pour s'évader. Et font le pari de sortir chacun un album malgré tout.
Les semaines se suivent et se ressemblent. Les concerts et les événements artistiques sont annulés depuis plusieurs mois. Les reprogrammations tardent toujours. Une situation de plus en plus insupportable pour les artistes.
"C’est une période compliquée. Rencontrer du public est devenu impossible", témoigne Sylvie Paz, chanteuse et compositrice de jazz méditerranéen, un courant musical, influencé par les langues, et les cultures de ces pays du Sud.
La Marseillaise ne désespère pas. Elle garde l’espoir de rejouer des concerts. Avant le Covid, Sylvie Paz se produisait aux quatre coins du monde : aux Etats-Unis, en Algérie, en Europe ou encore en Chine.
Cela fait un an, seulement, mais la nostalgie étrangle l'auteure-compositeur : "Les concerts me manquent. J’aimais générer des émotions, de la joie dans mon public. J’appréciais aussi les collaborations et les échanges avec les autres musiciens".
Le moral au fond de la guitare
Stéphane Ribeiro, alias Elvas, aussi avait l’habitude de faire des concerts à l’étranger, en particulier en Europe de l’Est.
Passionné de reggae depuis sa tendre enfance, Elvas s’est d’abord inspiré des stars jamaïcaines, emblématiques de ce genre musical. Notamment Bob Marley et le producteur Lee Perry.
Ce chanteur professionnel de reggae français depuis 20 ans souffre aussi de la situation actuelle.
"On le prend très mal de ne pas pouvoir se produire. On est frustré ! Même le préfet ne sait pas quoi dire aux artistes. Personne ne sait quand on pourra reprendre nos activités".
Adapter sa musique pendant le covid
Si tous les rassemblements sont interdits dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, les deux artistes installés à Marseille, ont trouvé des solutions pour garder un lien avec leurs fans.
"J’essaie de faire de la création sonore. Je crée des podcasts autour de mon art. Je donne aussi des cours à distance aux étudiants en licence 3 de musicologie à l’université d’Aix-Marseille", explique Sylvie Paz.
D’origine espagnole, la quinquagénaire, donne des cours de chants hispaniques depuis quinze ans. Elle enseigne à la Maison du chant, dans le 4ème arrondissement de Marseille. Des cours ouverts à tous, professionnels comme amateurs.
Sylvie Paz a dû ajuster sa façon de travailler avec ses élèves. "Je ne peux pas donner des cours de chants à distance. C’est impossible ! En visioconférence, il y a quatre à six secondes de latence à chaque fois. Les chants de groupe sont donc annulés".
Pour Elvas, les différentes restrictions sanitaires ont eu des conséquences sur la sortie de son second album. "J’avais prévu de sortir mon album en avril dernier. En raison du premier confinement la sortie de mon projet a été décalé en octobre 2020".
L’album Ulaghize, composé de 18 morceaux, est uniquement disponible en version CD dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Le chanteur de reggae souhaite ressortir son album, cette fois en ligne et accessible de partout lorsque les bars et les restaurants rouvriront. En attendant, Elvas a fait deux concerts en visioconférence, en direct sur You Tube.
Un petit coup de main au porte-monnaie
Sylvie Paz est aussi déterminée à sortir son album au mois d’octobre 2021. Elle a monté ce projet avec la chanteuse grecque Kalliroi Raouzeou. Elles forment le groupe Zoppa.
Elles ont mis en place une campagne de crowdfunding pour faire appel à la participation du public.
Cette aide financière leur permettra peut-être de produire Topographia, leur premier opus, douze morceaux chantés en plusieurs langues latines en particulier l’espagnol et le grec.