Six mois après les effondrements de la rue d'Aubagne, les habitants du quartier du Panier à Marseille sont eux aussi concernés par des mesures de relogement. Les habitants dénoncent des expulsions violentes et pas de solution pérenne à la clé.

Un mois et demi d'attente et toujours pas de solution. Marie-Eugénie et sa fille de 14 ans, habitent dans le quartier du Panier dans le 2e arrondissement de Marseille. 

Leur immeuble ne fait pas l'objet d'un arrêté de péril, pourtant, la jeune femme de 36 ans, a dû quitter son appartement le 26 mars dernier à cause des risques d'effondrement aux alentours. Appelée en urgence à son travail, elle n'a eu que 20 minutes pour prendre quelques affaires et partir. "C'est un choc, ça arrive de manière soudaine et finalement on ne peut pas être préparé à ça", raconte-t-elle.Comme solution de relogement, on lui propose de dormir à l'hôtel, ce qu'elle refuse dans un premier temps. La mère et la fille dormiront chez des amis pendant deux semaines, mais le retour dans leur appartement ne se fera pas de si tôt. Elles optent donc pour la première option et cela dure depuis un mois. "On est éloignées, on n'a plus nos repères, on n'a plus les objets du quotidien qui rassurent, c'est très violent", confie-t-elle.

"L'impression d'être dans un pays en guerre"

Près de cinquante de familles, comme celle-ci, ont été expulsées du jour au lendemain dans le quartier du Panier. Face au nombre de personnes concernées, une association a été créée. "On s'est réunis dans un local pour parler de la situation et on s'est rendus compte qu'on était 80-90 personnes", témoigne Robert Serfati, membre du collectif Le panier en colère.
"On s'est retrouvés face à des gens complètement démunis, certains ont perdu leur travail, d'autres ont des soucis de scolarisation parce que leur logement provisoire est désormais excentré de leur quartier habituel, on a eu l'impression d'être dans un pays qui vient de subir une guerre", décrit-il. Les semaines passent et les habitants ne savent pas quand ils vont pouvoir retrouver leur appartement. "Ici il ne s'agit pas d'immeubles frappés de mise en péril, mais d'immeubles conjoints à ceux qui risquent de s'effondrer, donc les procédures sont encore plus complexes", explique Robert Serfati.

Côté mairie silence radio 

Le collectif accompagne les délogés dans les démarches "longues et peu claires" et espère faire avancer les choses rapidement. "Le plus gros problème, c'est que l'on a beaucoup de mal à obtenir des réponses auprès de la mairie, plusieurs courriers ont été envoyés, mais pas de retour."

Six mois après l'effondrement de la rue d'Aubagne, la question du relogement est toujours aussi préoccupante. Près de 2500 personnes ont été évacuées depuis le drame du 5 novembre qui a coûté la vie à 8 personnes. Aujourd'hui, encore un millier de personnes n'a pas retrouvé un logement définitif.

10 000 signatures pour la charte du relogement

Face à la détresse des délogés, plusieurs associations et collectifs marseillais ont travaillé à l'écriture d'une "charte du relogement". Le moyen pour eux d'établir un cadre juridique et politique clair alors que les négociations avec la mairie sont infructueuses.La pétition pour qu'elle soit appliquée a déjà recueilli 10 000 signatures, seuil qui oblige le maire à soumettre la proposition au vote en conseil municipal. Celui-ci doit avoir lieu le 17 juin prochain. En attendant, la mobilisation ne faiblit pas. Un rassemblement est prévu ce mardi soir à 17h devant la préfecture. 
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