Selon l'observatoire des cancers "Revela 13", à Marseille et dans ses environs, le taux d'incidence du cancer de la vessie est supérieur de 50% à la moyenne nationale chez les hommes. Les explications ne sont pas encore connues.
L'étude a été révélée par l'Agence régionale de santé (ARS) Paca. Entre 2013 et 2016, l'observatoire "Revela 13", piloté par Santé Publique France (SPF), a permis d'observer l'incidence de trois cancers (vessie, rein et leucémie aiguë chez l'adulte) à l'échelle des Bouches-du-Rhône, un département particulièrement "sous pression environnementale" selon l'ARS, notamment en raison de la densité des industries autour de l'étang de Berre. L'objectif de cette étude : "Répondre aux inquiétudes des populations".
De Marseille à La Ciotat : 50 % de risque en plus d'avoir un cancer de la vessie
Les résultats, présentés en conférence de presse, montrent une surincidence de 50 % des cancers de la vessie chez l'homme dans les Bouches-du-Rhône, avec 1.735 cas. Sur l'ensemble de la France métropolitaine, sur la même période, 13.074 nouveaux cas ont été recensés.Chez la femme, où ce cancer est plus rare (395 nouveaux cas dans les Bouches-du-Rhône) et "récent", selon Laurence Pascal, de SPF, le risque est "significatif", supérieur de 80% à Marseille par rapport à la moyenne nationale.
"Revela 13" montre surtout une incidence très hétérogène de ce cancer sur le département : la zone la plus impactée inclut six arrondissements de Marseille et des communes environnantes comme Cassis, La Ciotat ou encore Aubagne.
Une surincidence qui "ne s'explique pas par les niveaux socio-économiques" selon SPF, qui refuse pour l'heure de "relier ces incidences à une exposition environnementale ou professionnelle".
Les facteurs de risques du cancer de la vessie
Les raisons de la surincidence d'avoir un cancer de la vessie à Marseille et à l'Est des Bouches-du-Rhône ne sont pas encore expliquées.L'observatoire "Revela 13" prévoit de se pencher, pendant deux ans, sur la prévalence du tabagisme, reconnu comme facteur de risque dans ce cancer, et sur les polluants retrouvés dans l'air. "La pollution de l'air est un facteur suspecté pour le cancer de la vessie", selon Laurence Pascal.
Dans la métropole, selon l'organisme de surveillance de l'air Atmosud, 250.000 personnes sont exposées quotidiennement au dépassement des valeurs "limites" européennes d'émissions polluantes.
Selon l'Inca (Institut national du cancer), l'exposition à certains produits chimiques utilisés dans l'industrie augmente aussi le risque de cancer de la vessie, notamment l'arsenic.
De nombreux métiers à risque (peintres, ramoneurs…) et secteurs professionnels (production d’aluminium, industrie du caoutchouc, gazéification du charbon) ont déjà été identifiés comme étant à risque de développer un cancer de la vessie et classés dans le groupe 1 des substances ou activités cancérogènes pour l’homme par le Centre international pour la recherche sur le cancer (CIRC).
Dans la zone très industrialisée de l'Étang de Berre, d'où est venue la demande de surveillance des cancers, l'incidence de ce cancer est plus élevée qu'au niveau national, mais dans une moindre mesure (de 10 à 20 %).
Pour les deux autres cancers étudiés (rein et leucémie aiguë), Revela 13 n'a pas démontré de surincidence locale significative.