Une quarantaine de jeunes migrants et leurs soutiens, décidés à dénoncer le sort des mineurs étrangers isolés, ont occupé hier soir, mardi 21 novembre, une église sur le Vieux Port de Marseille, où les responsables ecclésiastiques ont accepté de les accueillir pour une nuit.
Dans un communiqué signé "jeunes étrangers de l'église Saint-Férréol" les migrants et leurs soutiens expliquent leur action en ces termes :"Nous sommes un collectif de mineurs étrangers isolés et nous occupons l'église Saint-Férréol sur le Vieux-Port à Marseille pour rendre visible nos difficultés. Nous avons fait des démarches qui nous permettent légalement d'être hébergés mais nous dormons dans la rue. Nous cherchons à faire valoir nos droits... Nous ne voulons pas de quelques nuits à l'hôtel et ensuite dehors et ça recommence. Nous voulons de vraies places en foyer avec des éducateurs, un accés aux soins et à la scolarité. Nous avons besoin de lutter c'est très important car chaque nuit dehors est de plus en plus dur....Nous occupons cette église dans l 'attente d'une vraie solution..."
Suite à cette occupation, le recteur de l'église Steves Baboorom en accord avec Monseigneur Pontier, archevêque de Marseille, a réagit, il a notamment déclaré : " Mercredi, après cet accueil ces jeunes sans abri devront quitter l'église Saint-Ferréol, qui n'est pas équipée pour pouvoir héberger longtemps des personnes. L'Eglise n'est pas indifférente au sort des jeunes et des moins jeunes. Le département des Bouches-du-Rhône et les autorités doivent se mettre en mouvement et entendre ce cri".
Des CRS ont été positionnés autour du bâtiment où une pancarte proclame la "solidarité sans frontières avec les minots", tandis qu'à l'intérieur, plusieurs dizaines de migrants africains, parfois adolescents, avec leurs maigres affaires dans des sacs, ont écouté la messe en silence.
Des dizaines de soutiens, issus de collectifs et d'associations comme RESF et Médecins du Monde, se sont ensuite affairés pour servir des pizzas et tenir la nuit.
A Marseille, plusieurs dizaines d'adolescents et d'enfants migrants, qui ont droit à la protection du département, sont pourtant livrés à eux-mêmes, dénoncent les associations. Nombre d'entre eux dorment dehors dans les environs de la gare Saint-Charles. Comme d'autres, Ousmane, un Ivoirien de 16 ans, explique avoir bénéficié d'une ordonnance de placement, prononcée par un juge des enfants, qui devrait lui permettre de bénéficier d'un toit. Dans les faits, il se dit baladé entre Toulon et Marseille, où une association lui offre seulement trois repas par semaine. Il témoigne : "Je reste dehors, je me débrouille avec la gentillesse de certaines personnes qui nous donnent de la nourriture. C'est souvent périmé, et j'ai mal au ventre",
D'une manière générale, la situation de ces mineurs qui arrivent sans leur famille en France est dénoncée par le Défenseur des droits. Le gouvernement a annoncé récemment sa volonté de reprendre la main sur une partie de leur prise en charge. A Marseille, les militants dénoncent le manque d'écoute des autorités : "on demande au département, qui est hors-la-loi, de faire son boulot", résume Anne Gautier, membre de RESF et du collectif Soutien aux migrants 13.
Reportage sur place, hier soir avec Marie-Agnès Peleran et Malik Karouche
Interviews : Isabelle Marilier
RESF, joseph, Anne Gautier
Collectif soutien migrants 13