La ville la moins verte, la moins cyclable, la plus bouchonnée... et maintenant la moins "marchable". C'est Marseille Bébé, chanterait Jul. Une enquête nationale place Marseille en dernière position au niveau piétonnisation. Vrai ?
L'image carte postale diffusée par l'émission Quotidien a fait le buzz sur tous les réseaux sociaux. Selon cette vidéo, Marseille, serait cette ville que tout le monde devrait nous envier. Vraiment ?
Hommage à Marseille dans #Quotidien ⬇️
— Quotidien (@Qofficiel) September 2, 2021
La séquence en intégralité : https://t.co/TbmnTQ0bt1 pic.twitter.com/BMIriY0PyG
Au dos de la carte postale : un autre quotidien. Celui d'un marseillais qui slalome entre les voitures garées en triple file, enjambe les trotinettes abandonnées, évite les cacas de chiens non ramassés et les nids de poules dans chaque trottoir.
Ajoutez des trottoirs minuscules voire inexistants, l'incivisme aux passages piètons, sans compter la pollution sonore car le marseillais a le coup de klaxon facile...
Marseille, la ville où les trottoirs ont mille et une utilités, sauf celle d'être accessible aux piètons.
5,19 / 20 : Marseille, dernière
Voilà comment s'explique ce 5,19 /20 : la note attribuée par le collectif "Place aux piètons" suite à leur enquête, faite du 7 Décembre 2020 au 15 Mars 2021. 68 000 personnes ont répondu.
Toutes les villes de plus de 200 000 habitants sont mieux notées, avec Rennes et Strasbourg en tête de peloton.
Les villes où il fait bon marcher
Nos confrères de France Bleu Provence ont interrogé un conseiller eurométropolitain de Strasbourg, une des grandes villes les plus fréquentables en tant que piéton selon le classement. Pas étonnant : Strasbourg y travaille depuis 50 ans ! C'est l'une des premières villes de France a avoir chassé la voiture de son centre ville, au profit de la mise en place du tramway et de parking sous terrain. Non sans heurts, mais le résultat est incroyable aujourd'hui.
Quelles solutions pour Marseille ?
"Accélérer le développement des transports en commun" nous répond Audrey Gatian , adjointe à la politique de la ville, mobilité, vélo et transports publics, de la ville de Marseille.
"Mais l'héritage est lourd. Depuis plusieurs décénnies, tout est pensé pour la voiture. Depuis un an, nous n'avons pas pu avancer comme nous le voulions car la mairie doit travailler avec la métropole, qui a elle aussi la compétence transports".
"Donner plus de places aux piètons, c'est supprimer de la place pour les voitures, donc créer des solutions de mobilité. Cela ne se fait pas du jour au lendemain".
L'aménagement de la ville va prendre du temps, plusieurs années sûrement, mais l'adjointe évoque une solution à très court terme :
"Déjà, nous abandonnons le dernier tronçon du boulevard Urbain Sud, qui était une abérration".
Première étape : le bus à haut niveau de service
Sur certains trajets, il faut 40 minutes à pied pour rejoindre un point A à un point B; 45 minutes en transport en commun. Chercher l'erreur.
A Marseille, les mentalités pourront changer si les transports en commun sont plus nombreux, plus rapides, plus efficaces.
"Le BHNS (bus à haut niveau de service) existe sur le papier mais pas sur terrain ! Les BHNS doivent avoir une voie dédiée, pour aller plus vite. A Marseille, ce n'est pas le cas. ET ça nous pouvons le mettre en place très rapidement." assure l'adjointe Audrey Gatian, en précisant "les lignes des quartiers Nord et celles de la Belle de Mai sont des priorités à retravailler."
Quant au stationnement anarchique : "la police municipale va être renforcée, le nombre de verbalisations augmenté". Mais quand ? L'histoire ne le dit pas.
L'Etat à la rescousse de Marseille
Tous les espoirs semblent reposer sur le président Emmanuel Macron. Lors de sa venue, il a évoqué la création d'un GIP, un groupement d'intérêt public pour les transports à Marseille. Au delà d'une promesse financière ( 250 millions déjà engagés pour l’automatisation du métro et l'extension des lignes de tramway), ce GIP permettrait à la municipalité et à la métropole (responsable de la RTM), de travailler ensemble, dans le même tempo.
"Le retard que nous avons, nous ne pourrons jamais le rattraper seul" précise l'adjointe à la mairie.
A l'heure où nous publions cet article, la métropole n'a pas donné suite à notre demande d'ITW.