Il suffit d'un nom de code pour passer sa commande et la drogue arrive directement chez vous. Un service de livraison à domicile via un centre d'appel comme pour commander des sushis. Plus besoin de se déplacer dans les cités de Marseille.
C'est une pratique qui connaît un succés grandissant. La livraison à domicile de drogue. Cannabis, cocaïne... il suffit de connaître le bon nom de code pour se faire livrer le produit stupéfiant de son choix : "Get 27" pour l'herbe de cannabis, "Caro" pour la cocaïne, .... Les consommateurs sont de plus en plus conquis par ce type de service discret et sécurisé. Il suffit de quelques heures pour être livré. Plus besoin de se rendre dans les cités comme l'explique Michel Gandilhon, chargé d'études à l'observatoire français des drogues et des toxicomanies :
Dans des villes comme Marseille par exemple, ça peut être aussi lié à la violence dans les cités, qui dissuade les clients de se rendre sur des lieux dangereux
Les centres d'appels se multiplient
Les numéros des centres d'appels sont de plus en plus nombreux depuis quelques années, ils se transmettent par le bouche-à-oreille, dans des bars ou dans les lieux branchés. Les numéros changent régulièrement. "Les lieux traditionnels de deal se sont trouvés de plus en plus dérangés par la présence policière liée à la création des zones de sécurité prioritaire (en 2012) et aux attentats depuis 2015. Ca gêne les trafiquants et aussi les usagers,devenus plus réticents à se déplacer", précise Michel Gandilhon.
Des promos et des ventes flash
Les prix sont légerement plus élevés pour payer les livreurs et les standardistes. Pour fidéliser une clientèle plutôt aisée, les fournisseurs pratiquent un marketing agressif via des relances par SMS ("J'ai reçu de la Green Poison, je suis dispo très rapidement") des "ventes flash" ("Amnesia dispo pour les 100 premiers") ou des offres d'échantillons.Parfois, il y a un cadeau. Certains de mes potes ont eu des briquets
raconte une cadre, consommatrice occasionnelle de cannabis. "L'économie des drogues est certes criminelle mais elle fonctionne avec les ressorts du commerce classique", rappelle Michel Gandilhon.
Des contraintes pour les trafiquants
Ce système est un peu plus lourd pour les trafiquants. Il y a des frais de port, les standartistes, les livreurs. Cela débite des quantités plus faibles avec 40 à 50 clients par jour contre plusieurs centaines dans les gros points de deal des cités.