Xavier Monnier, l'auteur de "Marseille, ma ville", voulait donner "Marseille" comme 3° prénom pour son fils, l'officier d'état civil du 19° arrondissement de Paris a refusé et menace de saisir le procureur de la République.
Xavier Monnier, l'écrivain marseillais, est l'heureux papa d'un petit garçon né lundi dernier dans la nuit. Quelques heures après la naissance, il s'est rendu au service de l'hôpital Robert Debré pour déclarer sa naissance. Il s'appelle Onken, Philip, Marseille Monnier. Onken en hommage aux origines congolaises de la maman, Philip comme son grand-père et Marseille
raconte Xavier.Je suis né à Marseille, marié à Marseille et j'ai écrit deux livres sur Marseille, c'est en hommage à ma ville de cœur
Marseille n'est pas un prénom
Trois jours après la naissance, Xavier Monnier reçoit un appel téléphonique du service de l'état civil de la mairie du 19° arrondissement de Paris, il y a un problème selon eux
rapporte Xavier, énervé et déçu. La mairie se dit incompétente pour décider si un prénom est autorisé ou non.Ils m'ont dit que Marseille n'était pas un prénom et que si je ne le retirai pas, ils saisiraient le procureur de la République
affirme l'officier d'état civil et ajoute que la demande de Xavier pourrait aboutir s'il allait jusqu'au bout de sa démarche. Finalement, les deux parents ont décidé de retirer le prénom Marseille de l'état civil de leur filsLorsqu'il y a un doute, et c'est le cas, nous sollicitons l'arbitrage du procureur de la République
Mais Xavier Monnier et son avocat ont déjà prévu d'engager plus tard une procédure pour ajouter le prénom Marseille sur l'état civil de son fils.On ne voulait pas rentrer dans des procédures et bloquer l'état civil de notre fils qui n'a que trois jours
Une décision administrative incompréhensible
affirme Xavier Monnier. Paris, mais aussi Nancy, Florence ou Sydney sont bien des noms de villes et des prénoms, alors pourquoi refuser Marseille ? D'autant plus que selon la loi française (article 55 à 59 du Code civil), les parents choisissent librement le ou les prénoms de leur enfant. Les seules limitations sont prévues à l'article 57 :J'ai fait des recherches, le prénom Marseille existait déjà aux XVII° et XIX° siècle. Sous la révolution, il a même été donné au fils d'un procureur de la République
- si le prénom est trop complexe (un prénom composé de trois prénoms sera refusé)
- s'il comporte des caractères étrangers comme le tilde espagnol par exemple
- s'il fait référence à une personnalité déconsidérée comme Hitler ou Ben Laden
En 2016, le parquet de Nice avait engagé une procédure pour modifier l'état civil d'un petit garçon nommé Mohamed, Nizar Merah évoquant celui du tueur djihadiste de Toulouse, en 2012. La famille a renoncé au prénom Mohamed pour leur fils.
Le service de l'état civil peut refuser un prénom s'il peut nuire à l'intérêt de l'enfant, comme un prénom à consonance ridicule, péjorative ou grossière. Là encore, la jurisprudence donne souvent raison aux parents. Ainsi, un recours contre le prénom Zébulon a été rejeté au motif qu'il n'est ni ridicule, ni péjoratif, ni grossier. Il y a eu aussi l'affaire "Mégane Renault", acceptée par le juge car "qu'il n'y avait pas d'arrière-pensée". En clair, à Paris, s'appeler Marseille c'est ridicule, péjoratif ou grossier.