Alors que le nombre d'agressions homophobes a explosé en 2018, à Marseille, les policiers "plaintiers" suivent une formation spécifique à l'accueil de ces victimes. Près d'une personne LGBT sur cinq a été au moins une fois victime d'agression, mais moins de 20% portent plainte.
En ce 17 mai, journée mondiale contre l'homophobie, le constat est amer. L'année 2018 a été une année noire pour les personnes LGBT selon l'association SOS Homophobie. Au cours des douze derniers mois, le nombre de victimes de violences physiques homophobes a doublé entre juin 2018 et avril 2019 (+66%).
Un récent sondage IFOP, réalisé pour la Fondation Jean-Jaurès et la Dilcrah (Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT), révèle que les personnes LGBT (Lesbienne, Gay, Bi-sexuel, Transgenre) sont régulièrement victimes de comportements homophobes. 22% des LGBT interrogées affirment avoir fait l'objet au moins une fois d'une agression physique homophobe (gifles, coups...).
Cette enquête révèle également que seules 27% des victimes de ces agressions se rendent au commissariat et seulement 20% déposent plainte.
Formation des policiers
Face à ce constat, la police de Marseille organise des stages de sensibilisation destinés aux fonctionnaires chargés de recevoir les victimes. "Ne soyez pas surpris de voir arriver une personne d'apparence féminine vous présenter une pièce d'identité masculine", explique le major Frédérique Jeckel, référente accueil personnes LGBT, à ses stagiaires.Les policiers "plaintiers" sont en première ligne pour recevoir les témoignages de violences. Ce stage a vocation à les aider à mieux écouter, mieux orienter les victimes LGBT. "Quand une victime franchit la porte d'un commissariat, elle a peut-être déjà subit vingt fois des injures; le rôle du policier c'est de prendre en considération cet aspect psychologique", poursuit le major Jeckel.
"Souvent, les victimes ont honte de raconter leur agression, c'est à nous de creuser et à les aider à parler", explique une fonctionnaire de police chargée de recevoir les plaintes.
En dix ans, le législateur a fait évoluer la loi. Aujourd'hui, les peines sont plus lourdes. "Lorsque la parole se libère, on peut mieux caractériser l'infraction et aujourd'hui, il y a des particularités de la loi (concernant l'homophobie) qui nous permettent de mettre des réponses policières, plus forte", indique un fonctionnaire "plaintier".
Les victimes sont également orientées vers des associations de soutien, indispensable après une agression. L'enquête IFOP fait aussi une révélation inquiétante : 60% des personnes LGBT victimes d'agressions homophobes admettent avoir pensé à se suicider au cours de l'année écoulée.
90 cas d'agressions en Provence-Alpes-Côte d'Azur
L'association SOS Homophobie fête aujourd'hui ses 25 ans et lorsqu'elle a été créée, ses militants espéraient bien que la société aurait évolué. Selon l'association, l'année 2018 a été une année noire pour les personnes LGBT, avec une hausse de 15 % des actes de violence homophobe. Les actes de violence physique notamment, ont augmenté de 66%.La région Sud Paca est particulièrement touchée, 90 cas d'agressions ont été recensés en 2018. Le rejet des LGBT se situe principalement (54%) dans la vie quotidienne, au travail, dans le voisinage, dans le milieu familial, scolaire et dans les commerces.
Les réseaux sociaux sont des vecteurs d'insultes, mais aussi des lieux où les victimes peuvent s'exprimer.