Jusqu'à 14 années de prison ont été requises ce mercredi contre les acteurs présumés de l'un des plus gros trafics de drogue de Marseille. L'accusation espére ainsi porter un coup d'arrêt au deal et à son "sillage de morts".
Dans son réquisitoire, l'accusation a réclamé les peines les plus lourdes à l'encontre de deux frères, Oukoutoub Ahamada 12 ans de prison requis et Djoussouf Ahamada ,14 de prison requis. L'accusation les considère comme les "propriétaires" du lucratif trafic de cannabis de la cité des Lauriers, dans les quartiers Nord de Marseille.
La procureur, Sophie Couillaud, a ensuite demandé 3 et 8 ans de prison à l'encontre de leurs cadets, Oumouré et Oubaya Ahamada, dont la place serait moins élevée dans la hiérarchie de ce trafic. Un trafic exceptionnel, a par ailleurs souligné la procureur, par son ampleur et le fait que l'ensemble de la chaîne de commandement comparaissait depuis fin octobre devant le tribunal correctionnel de Marseille.
Les enquêteurs spécialisés dans la lutte contre le trafic de drogue qui gangrène certaines cités marseillaises voient dans les frères Ahamada un clan criminel. Ce clan, dit des "Blacks", est, selon eux, engagé dans une guerre sanglante, à coups de règlements de comptes mortels, contre d'autres réseaux de trafiquants de la cité phocéenne.
Une thèse rejetée par les prévenus, qui se sont dits victimes d'un complot.
La procureur a ensuite poursuivi en rappelant que "le défi de ce procès est de mettre en liquidation la "société" Ahamada qui génère trafics et économie souterraine et entraîne son sillage de morts"
Le procès, qui doit prendre fin vendredi, ne vise lui aucun crime de sang, mais le coeur du moteur financier de la bande : le point de vente de cannabis des Lauriers qui voyait défiler jusqu'à 1.000 clients par jour, jusqu'à un coup de filet en mai 2015. Le chiffre d'affaires annuel pouvait atteindre 15 millions d'euros par an, a calculé la magistrate du parquet. Le procès n'a pas permis de découvrir avec certitude la destination de ces fonds, dont l'accusation soupçonne un blanchiment aux Comores, où vit le père des frères Ahamada.
Outre les frères Ahamada, âgés de 23 à 42 ans, 23 autres prévenus comparaissent devant le tribunal correctionnel. Jusqu'à un an de prison ferme ont été requis contre les "nourrices", qui ont laissé les trafiquants cacher drogue, argent et armes chez eux, et jusqu'à 9 ans de prison ferme contre l'auto-proclamé "état-major", qui veillait, à l'abri d'une tour voisine, sur le business.