Le tribunal correctionnel de Marseille a requis jusqu'à 4 ans de prison dans le procès impliquant quatorze membres d'un réseau de contrebande de cigarettes qui se déroulait sur le port de la cité phocéenne.
Ce matin, au tribunal correctionnel de Marseille, le procureur Julien Dutel a réclamé 4 ans de prison ferme à l’encontre des deux principaux protagonistes d'un trafic de cigarettes mis au jour en novembre 2016 entre l’Algérie et le port de Marseille.
Selon les douanes, au cours du trafic au moins 68.400 cartouches de cigarettes détaxées, destinées aux boutiques duty-free des navires d'Algérie ferries, avaient alimenté les marchés noirs de la région.
Un système bien rodé et très structuré
Le 17 novembre 2016, une perquisition à bord du ferry algérien "Tariq", au cours de laquelle 1.300 cartouches de cigarettes détaxées avaient été découvertes dans les faux plafonds du navire, avait mis fin au trafic. Lors de l'escale à Marseille de trois ferries algériens, des sacs poubelle contenant chacun 25 cartouches étaient régulièrement jetés dans la nuit sur les quais, puis récupérés par des hommes ayant escaladé les grilles du port. Les ballots étaient ensuite récupérés par des véhicules garés à l'extérieur qui assuraient plusieurs rotations par nuit, avant d'être acheminés dans des appartements situés dans les quartiers de l'arrière-port.
Le procureur Julien Dutel a évoqué "un réseau très structuré et hiérarchisé qui se livrait à une division du travail et non pas, comme les prévenus voudraient le laisser entendre, une juxtaposition d'auto-entrepreneurs qui auraient mutualisé leurs moyens".
Six mois avec sursis à 4 ans de prison ferme
La peine la plus lourde, quatre ans de prison, a été réclamée contre Mostefa Benmimoun, 49 ans, déjà condamné pour contrebande, et présenté par l'accusation comme "la figure centrale du trafic" et Kamel Belkadi, "son second omniprésent". Deux ans d'emprisonnement ont été requis contre le "boutiquier" qualifié de "clé d'entrée de la contrebande" et huit et six mois de prison contre respectivement un agent de sécurité et un garçon d'office chargés d'assurer "le débarquement nocturne discret des ballots". Des condamnations allant de six mois à deux ans de prison ont également été requises contre les transporteurs et "nourrices". Enfin, douze mois de prison avec sursis à deux mois ferme ont été requis à l'encontre de trois clients grossistes alimentant les points de vente sauvages de Marseille et Toulon.
L'Entreprise nationale de transport maritime de voyageurs, avait licencié les trois marins et avait suspendu durant huit mois toute vente de cigarettes détaxées à bord. La compagnie a évalué son préjudice à 250.000 euros. L'administration des douanes a demandé une amende de 4,2 millions d'euros à l'encontre des prévenus.