"Ca a démarré avec 5 grammes, puis je suis passé à 10, 15, 20 grammes..." : devant le tribunal correctionnel de Marseille, un professeur des écoles a expliqué mardi comment il s'était inséré en 2013 dans un vaste réseau d'approvisionnement en cocaïne de la région marseillaise.
De professeur à dealer, un homme de 50 ans était jugé mardi devant le tribunal correctionnel de Marseille aux côtés de 15 autres coprévenus soupçonnés d'avoir écoulé plusieurs kilos de cocaïne chaque semaine.
Le fonctionnaire de l'Éducation nationale était alors chargé d'une classe pour l'inclusion scolaire (Clis) dans un collège marseillais.
A son domicile, dans un appartement du centre-ville, les enquêteurs avaient découvert une balance de précision et deux cailloux de cocaïne pure à 88 % d'un poids total de 350 grammes.
"Cette drogue n'est pas passée par cinquante mains", a observé le président du tribunal, "elle est dans l'état de pureté avec laquelle les trafiquants colombiens la livrent".
Un prof consommateur devenu revendeur
"Je prenais quatre à cinq traits en fin de semaine dans un cadre festif", a reconnu le professeur, avant d'admettre avoir basculé dans la revente. La suite s'écoule à raison de 400 grammes de cocaïne par mois, alimentant une douzaine de revendeurs."J'ai été tenté par l'argent facile", a-t-il reconnu, "même si ça a été un long cheminement. On démarre petit avec les collègues, on ne se lève pas un matin en se disant : je vais passer 400 grammes par mois".
L'homme a reconnu doubler ainsi son salaire de l'Éducation nationale, empochant autour des 2.000 euros par mois, pour la revente de cocaïne.
Un astucieux système de SMS pour commander
Voyages au Japon, à New-York, en Thaïlande, l'enseignant vivait largement avec l'argent liquide de son trafic.Il avait mis en place un astucieux système de commandes : ses clients lui adressaient un SMS anodin suivi d'un certain nombre de points de suspension, chaque point représentant 5 grammes.
En disponibilité de l'Éducation nationale depuis septembre 2017, l'enseignant avait été incarcéré durant quatre mois après son arrestation le 18 septembre 2016. Depuis sa libération, il a ouvert un restaurant qui emploie quatorze salariés.
À l'issue de son interrogatoire, le fonctionnaire a dit redouter un retour en prison reconnaissant avoir "vécu dans un mirage".
"J'ai bien compris, tout cela est derrière moi", a-t-il assuré. Le jugement est attendu mardi 25 juin.