Les salariés de l'hypermarché Carrefour Le-Merlan ont décidé de débrayer quelques heures ces 23 et 24 décembre. Le groupe Carrefour prévoit de placer l'enseigne en location-gérance. Les salariés redoutent le changement de convention collective.
A la veille de Noël, les salariés du Carrefour-Le Merlan, dans les quartiers Nord de Marseille, ont décidé de se mobiliser à nouveau contre le projet du groupe Carrefour de placer l'enseigne dans laquelle ils travaillent en location-gérance. Toute la journée des 23 et 24 décembre, ils vont débrayer, une heure ou plus pour revendiquer leurs "acquis".
"Si on passe en location-gérance on va perdre tous nos acquis, on n'aura plus notre convention collective", détaille Djazila Benmokrane, élue CFDT.
De nouveaux accords d'entreprise
Concrètement, les 340 salariés du Carrefour-Le Merlan craignent que les nouveaux gérants ne veuillent plus de certains avantages accordés aux salariés, tels que le quatorzième mois de salaire, les six jours de congé "enfant malade", les primes d'intéressement et de participation. Ils ne souhaitent pas non plus de changement de leur mutuelle d'entreprise.
Le site internet servicepublic.fr définit comme suit la location-gérance : "la location-gérance permet au propriétaire d'un fonds de commerce (bailleur) d'accorder à un autre commerçant (locataire-gérant) le droit d'exploiter librement ce fonds. Le locataire-gérant exploite le fonds à ses risques et périls, moyennant le paiement d'une redevance." Carrefour resterait propriétaire des murs, mais ne serait pas responsable des employés. Une "externalisation" qui, selon les syndicats, engendre une "casse sociale à bas bruit". Car les locataires-gérants, des entreprises indépendantes, peuvent avoir des difficultés à proposer les mêmes accords d'entreprises que ceux d'un grand groupe.
"Redresser les magasins déficitaires"
"Le choix de la location-gérance, c'est le choix d'éviter la fermeture d'hypermarchés en difficulté, justifie le groupe Carrefour dans un communiqué. Depuis 2018, la location-gérance a prouvé sa capacité à redresser la performance de magasins fortement déficitaires, grâce à un management de proximité et une gestion plus agile du locataire-gérant. Depuis 2018, aucun hypermarché Carrefour n'a fermé en France."
Le communiqué assure que "tous les contrats des collaborateurs en poste sont repris par le locataire-gérant avec les droits attachés (ancienneté, salaire, qualification), le bénéfice des accords collectifs durant 15 mois et, sans limite de durée, le bénéfice du 13e mois et la garantie de la rémunération annuelle des salariés." Par ailleurs, durant cette période de quinze mois, "les salariés bénéficient […] du maintien d'autres avantages obtenus chez Carrefour comme la remise de 10% à valoir sur leurs achats dans le magasin, le maintien des tickets restaurant, d'un régime de mutuelle et prévoyance qualitatif ou le principe du volontariat pour le travail dominical", précise le groupe.
En tout, trente-sept magasins Carrefour devraient passer en location-gérance en 2024, dont celui d'Avignon. Des salariés du Carrefour Ivry-sur-Seine, déjà passé en location-gérance, ont rédigé une lettre ouverte pour dénoncer leurs conditions de travail et "le manque d'effectif", depuis que leur enseigne a changé de gérant. "Nous n'avons aucune idée de qui pourrait devenir le locataire-gérant", précise, inquiète, Djazila Benmokrane au Carrefour-Le Merlan.