On vous explique pourquoi la "renaissance" du RPR déclenche un incendie au sein de la droite en Provence

Le député RN marseillais Franck Allisio et le maire divers-droite de Marignane Eric Le Dissès veulent refonder le RPR, l'ex-parti gaulliste, pour rassembler les élus de droite et du Rassemblement national.

Plus de vingt ans les séparent mais la même idée de la droite les unit. L'un est un ancien des Républicains, l'autre est passé par l'UMP. Franck Allisio, 42 ans, député RN des Bouches-du-Rhône et Eric Le Dissès, 66 ans, maire divers-droite de Marignane, vice-président du département et de la métropole Aix-Marseille-Provence, ont décidé de "ressusciter" le RPR "pour tourner la page du macronisme et faire barrage à l'extrême-gauche Nupes". Un nouveau rassemblement qui n'empêche pas Franck Allisio, président du groupe RN à la région et délégué départemental du parti, de rester "évidemment un mariniste convaincu et un élu du RN". Le député est l'invité du 19-20 de France 3 Provence-Alpes ce dimanche 25 mai. On vous explique pourquoi la "renaissance" du RPR suscite de vives réactions au sein de la droite en Provence.

A qui appartient le nom et le logo RPR ?

En mars 2022, Le Point révélait qu'en toute discrétion, le parti de Marine Le Pen avait racheté le nom et le logo. A cette initiative : Franck Allisio.  Président de ce nouveau Rassemblement pour la République depuis le 18 janvier, il expliquait alors :"Quand on voit un drapeau abandonné et laissé à terre, on le relève".

Le nouveau RPR se veut une refondation du Rassemblement Pour la République créé en 1976 sous l'impulsion de Jacques Chirac, qui le préside jusqu'en 1994. En 2002, le RPR se dissout au sein de l'Union pour un Mouvement Populaire (UMP) mais personne ne protège la marque. 

C'est un certain Frédérick Brigat qui le fait. Ce proche de Patrick Buisson, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, dépose le nom et le logo de la version 1991 à l'INPI, et en devient alors propriétaire. Il est décrit comme un "squatteur de marques gaullistes" par le journaliste politologue Laurent de Boissieu, qui explique qu'en 2013, il a aussi mis la main sur d'autres noms de partis comme... le "Rassemblement national", cédé en 2018 à un avocat du Front national.

Selon le Figaro, les Républicains étudient avec leurs services juridiques comment contrer la "récupération" de ce symbole de la droite gaulliste par un proche de Marine Le Pen.

Quel est l'objectif de ce RPR "ressuscité" ?

Franck Allisio et Eric Le Dissès disent vouloir rassembler élus et citoyens qui veulent faire "barrage aux macronistes et à l'extrême gauche" dans la perspective des prochaines élections, notamment les municipales de 2026. Ce mouvement d'alliances locales espère attirer des élus de terrain, souvent sans étiquette, mais ancrés à droite, à l'image du maire de Marignane.

Entre des élus conservant leur appartenance au RN comme Allisio ou à LR dont il est lui-même issu, et d'autres sans étiquette, l'idée serait de se retrouver dans un espace politique avec certaines valeurs en dénominateur commun, comme l'explique Franck Allisio dans ce tweet. 

"Notre initiative fait peur aux macronistes et à l’extrême-gauche ? Tant mieux, c’était le but ! Les Français qui veulent plus de patriotisme, d’autorité et de méritocratie sont largement majoritaires, doivent se faire entendre !", répond Franck Allisio aux critiques venant aussi bien de droite que de gauche.

Comment réagit la droite locale ?

Franck Allisio se défend de vouloir faire "l'union des droites", expression honnie par Marine Le Pen surtout depuis qu'Eric Zemmour en a fait son credo. Pour autant, le président du parti Les Républicains (LR), Eric Ciotti, s'est indigné de cette annonce sur Twitter, répétant qu'il refuse toute idée "d'union des droites" au niveau des partis.

"Le RN souhaite s'approprier la marque RPR. Plutôt que de travailler sur les idées, ils préfèrent tomber dans les petits calculs politiciens. C'est ce qui différencie un parti de gouvernement et un parti de slogan. Nous ne laisserons pas faire !".

La gauche a appelé Martine Vassal, présidente LR du département et de la métropole, qui avait soutenu Emmanuel Macron à la présidentielle, à relever Eric Le Dissès de ses responsabilités dans ces instances. "Je condamne fermement la décision de monsieur Le Dissès de créer une association avec monsieur Allisio du RN. Comme je l'ai toujours démontré dans le passé, je n'adhérerai jamais à ce type de démarche," a réagi Martine Vassal sur Twitter, en annonçant son intention de "rencontrer le maire de Marignane dans les prochains jours". À suivre.

Renaud Muselier, qui compte parmi sa majorité une adjointe à la mairie de Marignane, a de son côté assuré que cette élue s'était "immédiatement désolidarisée de cette initiative d'alliance". Le président de la région a dénoncé sur Twitter une "association indigne" et "un simulacre d'alliances politiciennes contre-nature".


Sur son compte Twiter, la sénatrice LR Valérie Boyer rappelle pour sa part les propos du président du RPR Philippe Seguin, expliquant le 17 mars 1998 le refus du RPR de répondre à l'appel de Jean-Marie Le Pen pour une alliance avec le FN en vue des élections de région.

 "Si demain, par je ne sais quelle manœuvre, nous réussissions une sorte de hold-up, malgré tout, en nous alliant avec je ne sais qui, tous les Français diraient que nous avons triché. Nous ne sommes pas des tricheurs", avait déclaré Philippe Seguin sur France 2.

Dans cet entretien, Philippe Seguin avait clairement expliqué qu'une telle "alliance est impossible pour trois raisons : elle serait une impasse morale : nous ne pouvons pas cautionner, fût-ce indirectement, les dérapages verbaux et ces mots terribles qui nous rappellent l'antisémitisme, le racisme et la xénophobie ; une impasse politique : nous n'avons rien de commun en termes de propositions avec le Front national (...) une impasse électorale : au Front national, il n'y a pas que des électeurs qui viennent de chez nous : il y a aussi des électeurs qui viennent de la gauche. Si demain, par je ne sais quelle aberration, nous faisions un accord avec le Front national, ces électeurs retourneraient à gauche, de la même façon que nous perdrions une grande partie de nos électeurs qui n'accepteraient pas cet accord. Donc, vous voyez qu'en fait de marché de dupes, ce serait complet !"

Avec AFP.

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