PORTRAIT. Manon Lefébure, reine du tufting à Marseille

A 28 ans, Manon Lefébure ajoute le tufting à son arc d'artiste plasticienne à Marseille. Après le chant, la broderie, l'écriture de poèmes et la céramique, elle performe dans ce nouvel art. Focus sur une artiste en plein essor et cette drôle de discipline.

Manon Lefébure a 28 ans, elle est artiste plasticienne. Et lorsqu'on discute avec elle, c'est à se demander si ses journées font réellement 24h. Elle est de celles qui sont tombées dans l’art depuis toujours. "J’ai toujours créé, depuis que je suis toute petite. Je chantais et j’écrivais des poésies quand j’avais six ans", confie la jeune femme. S’ajoutent à cela les cours de peinture et d’art dès l’école primaire. Finalement, elle a toujours baigné dedans.

Toucher le plus de personnes

Un fil conducteur qu’elle n’a pas lâché, puisqu’après son bac littéraire/art plastique, elle suit des études de design à Olivier de Serres, à Paris. "Mes parents auraient été d’accord que je sois artiste en tant que telle mais pour moi, c’était pas un vrai travail donc je suis partie en design."

Un choix qui l’a "presque dégoutée". Pour faire le point avec sa pratique de création d’objet, Manon part pour Londres une fois son diplôme en poche. "Mes études m’orientaient de plus en plus vers le design industriel alors que c’était vers l’artisanat et l’art que j’avais envie de me tourner."

En effet, ce qui lui plaît, c’est plutôt la fabrication de produits uniques ou en série limitée, en partant des émotions. "J’aime partir des choses qui me touchent moi, des sentiments intimes, mais avec la volonté que ça puisse toucher beaucoup de gens. J’aime créer des objets qui ont une valeur sentimentale, pour qu’on les garde plus longtemps." En clair, elle se sert des sentiments intimes comme matière première, et l’objectif est de faire résonner auprès des publics, des émotions collectives et universelles.

"Je pars souvent de mes histoires personnelles pour créer des objets"

Et après Londres, elle prend la route de Sidney, en Australie. Après une rupture amoureuse, elle débute la broderie pour faire le deuil. "Je pars souvent de mes histoires personnelles pour créer des objets", confie-t-elle. A ce moment-là, elle mêle donc chant, broderie et écriture de poèmes.

Puis arrive le retour en France. Normande d’origine, elle décide de poser ses valises à Marseille. "C’est la ville qui me faisait le plus penser à Sydney avec cette proximité à la mer. Toutes mes pratiques sont inspirées de la mer, les nuages et le ciel", confie l’artiste. "A Marseille j’ai retrouvé ce sentiment d’indépendance et de liberté que j’avais à Londres", confie celle qui une mentalité qui se rapproche le plus de celle anglo-saxonne.

Elle ajoute une nouvelle corde à son arc : le tufting. Alors en résidence en Normandie avec des enfants, elle souhaite composer des pièces de broderie plus grandes et la voilà qui découvre cette pratique, aussi appelée touffetage. Une sorte de broderie mécanique.

Découverte du touffetage

Il s’agit d’une technique qui permet de réaliser des créations en laine en piquant, à l’aide d’une machine, des fils de laine à travers une toile assez épaisse en suivant les motifs dessinés en amont. Elle s’aventure alors dans l’apprentissage autodidacte. "On peut croire que c’est simple, mais c’est pas si facile. J’ai mis du temps à maitriser ma technique", explique-t-elle. Sans oublier que le tufting, peut être dangereux, comme en témoigne la cicatrice sur son bras.

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Manon Lefébure en train de faire du touffetage ©Manon Lefébure

"Ce qui m’a plus dans le touffetage, c’était de travailler avec le textile. C’est un matériaux doux. Et puis il y a un côté cathartique que je retrouvais déjà avec la broderie. Le fait de voir la progression du travail est très jouissif pour moi. Je me mets dans ma bulle, avec un podcast et je tuft pendant des heures", raconte Manon.

S'approprier son art

Pour la jeune artiste, la patience est l’une des qualités premières lorsqu’on pratique le tufting. "Le pire cauchemar, ce sont les nœuds dans les pelotes de laine", lâche Manon en rigolant. Mais le défi majeur pour Manon, c’est de se démarquer. Ce qu’elle a très bien fait avec son œuvre en puzzle d’une baleine –son animal totem- exposé au musée d’histoire de Marseille jusqu’au 31 décembre. "J’avais que des petits cadres et je voulais faire une grande pièce", raconte l’artiste qui a su faire de cette contrainte une force et une nouvelle forme de tufting. 

Aujourd’hui, elle propose des ateliers de tufting. Toujours dans la transmission et le partage, des valeurs très importantes pour la plasticienne. Manon Lefébure est donc une artiste avec beaucoup de casquettes qui travaille avec pas moins de quatre disciplines : le chant, la céramique, l’écriture et le tufting. Son défi, c’est "d’aller plus loin que ce que la machine peut faire. Il faut savoir s’approprier sous outil." 

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