Sans surprise, le préfet de région vient d'autoriser le rejet en mer, en plein parc national des Calanques, des effluents issus de la production d'alumine de l'usine d'Altéo, de Gardanne. L'arrêté préfectoral a été signé hier, et couvre une durée de six ans.
Le préfet de la région Paca autorise la poursuite d'activité de l'industriel Altéo, et le rejet en mer, pour 6 ans, d'effluents résultant de la production d'alumine, en plein coeur du Parc national des Calanques (Bouches-du-Rhône), a annoncé aujourd'hui la préfecture.
"Stéphane Bouillon, préfet de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, préfet des Bouches-du-Rhône, a signé le lundi 28 décembre 2015 un arrêté autorisant la société Altéo à continuer à exploiter à compter du 1er janvier 2016 ses usines sur le site de Gardanne et autorisant, pour une durée de six ans, le rejet dans la mer d'effluents aqueux dépassant les limites réglementaires" indique le communiqué.
Colère et crainte pour le parc national
Il y a quelque mois, la demande de l'industriel avait déclenché la colère de plusieurs associations de défense de l'environnement et de riverains, qui dénoncent la toxicité des boues rouges, et craignent qu'une nouvelle autorisation de rejet ne remette en cause le statut même du Parc national des Calanques, une aire de protection créé en 2012.Depuis près de 50 ans, ce site de production d'alumine (qui sert à fabriquer de l'aluminium) situé à Gardanne, près d'Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) bénéficie d'un droit d'expédier en mer ces résidus, à 7 km au large de Marseille et Cassis. Plus de 20 millions de tonnes de boues rouges ont été ainsi déversées sur les fonds marins de la fosse de Cassidaigne.
L'industriel affirme avoir amélioré son procédé de production et ne plus avoir besoin de déverser des rejets solides, mais uniquement des effluents liquides.
L'intervention de Ségolène Royal
Dans son communiqué, la préfecture indique que "ces rejets seront soumis à diverses prescriptions réclamées par le Parc naturel des Calanques et résultant des avis du CODERST (Conseil départemental de l'environnement et des risques sanitaires et technologiques) et du CSPRT (Conseil supérieur de la prévention des risques technologiques), de façon à pouvoir les ramener dans ce délai au niveau réglementaire".Fin novembre, la ministre de l'Écologie Ségolène Royal avait déclaré qu'elle n'était "pas favorable au renouvellement" de l'autorisation de rejet, rassurant pour un temps les riverains et associations de défense de l'environnement. L'une d'elle, l'association CoLLecT-IF, avait demandé à la ministre de saisir le Conseil d'État, afin que la plus haute juridiction administrative donne un avis "sur la question du domaine public maritime".
Mais, il y a une dizaine de jour, attendant un dernier avis pour prendre son arrêté, le préfet avait déjà annoncé dans la presse locale qu'il était favorable à la poursuite d'activité, affirmant "c'est la position du gouvernement et je l'applique".