Procès d'un ex-gardien de camp SS en Allemagne : Josef Schütz, 101 ans, condamné à 5 ans de prison

Procès d'un ex-gardien de camp SS en Allemagne : Josef Schütz, 101 ans, condamné à 5 ans de prison

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Rose-Marie Commentale n'aura pas eu la satisfaction d'entendre la condamnation de Josef Schütz. La Marseillaise est décédée le 17 avril dernier à 93 ans.

Elle s'était constituée partie civile dans ce procès pour la mort de son père, Francesco, arrêté lors de la rafle du Vieux-Port du 24 janvier 1943, décédé en déportation à Sachsenhausen le 30 juin 1944, à 59 ans.

Des cinq familles de victimes marseillaises, elle était la seule à répondre aux conditions de la justice allemande pour pouvoir demander des compter à l'ancien sous-officier des Waffen SS.

Josef Schltz, aujourd'hui âgé de 101 ans, a été reconnu coupable de «complicité» dans le meurtre de 3.518 prisonniers lorsqu'il était gardien du camp de Sachsenhausen, entre 1942 et 1945.

Le plus vieil accusé de crimes nazis n'aura exprimé aucun regret au cours de son procès devant le tribunal de Brandenburg an der Havel, près de Berlin.

"Monsieur Schütz, vous avez été actif pendant environ trois ans au sein du camp de concentration de Sachsenhausen où vous avez été complice des meurtres de masse", a déclaré le président du tribunal de Brandebourg-sur-la-Havel (Est) Udo Lechtermann.

Une incarcération peu probable

"Vous y étiez conscient que des prisonniers y avaient été tués. Par votre présence, vous avez soutenu" ces actes, a-t-il ajouté.  "Toute personne voulant fuir le camp était fusillée. Ainsi, tout gardien de camp a participé activement à ces meurtres", a-t-il dit.

A l'annonce de la lourde sentence, plus importante que le minimum de trois ans de prison pour complicité de meurtres inscrit dans le droit allemand, l'accusé est resté stoïque.

"Je suis prêt", avait réagi M. Schütz en entrant plus tôt dans la salle du tribunal, habillé d'une chemisette grise et d'un pantalon de pyjama dans une chaise roulante. Son avocat avait déjà annoncé qu'il irait en cassation en cas de lourde peine, repoussant au mieux à début 2023 toute application de celle-ci. Mais étant donné l'état de santé fragile de M. Schütz, qui comparaissait libre depuis octobre, son incarcération semble peu probable.

Josef Schütz a avancé plusieurs récits sur son passé, parfois contradictoires. "Tout est déchiré" dans ma tête, avait-il même glissé lors de l'ouverture de l'audience avant d'être interrompu par son avocat.

Après la guerre, il a été transféré dans un camp de prisonniers en Russie et s'est ensuite installé dans le Brandebourg, région voisine de Berlin. Il a successivement été paysan, puis serrurier et n'a jamais été inquiété.

Agé de 21 ans au début des faits reprochés, il est notamment soupçonné d'avoir fusillé des prisonniers soviétiques, d'"aide et de complicité de meurtres systématiques" par gaz de type Zyklon B et "par détention de prisonniers dans des conditions hostiles".

Quatre anciens SS condamnés

Entre son ouverture en 1936 et sa libération par les Soviétiques le 22 avril 1945, le camp de Sachsenhausen a vu passer quelque 200.000 prisonniers, principalement des opposants politiques, des juifs et des homosexuels.

Des dizaines de milliers d'entre eux ont péri, victimes principalement d'épuisement dû au travail forcé et aux cruelles conditions de détention. 

Après avoir longtemps montré peu d'empressement à juger tous les auteurs de crimes
nazis, l'Allemagne élargit depuis dix ans ses investigations. Gardiens de camps et autres exécutants de la machinerie nazie peuvent être poursuivis du chef d'accusation de complicité de meurtre.

Ces dernières années, quatre anciens SS ont été condamnés à ce titre. Ce procès tardif permet de "réaffirmer la responsabilité politique et morale des individus dans un contexte autoritaire, et dans un régime criminel, à l'heure où l'extrême droite néo-fasciste se renforce partout en Europe", a commenté Guillaume Mouralis, directeur de recherche au CNRS et membre du Centre Marc Bloch à Berlin.

 

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information