Des condamnations de deux à neuf ans de prison ont été prononcées vendredi contre douze Nigérians, cinq femmes et sept hommes, jugés pour traite d'êtres humains, aide au séjour irrégulier et proxénétisme.
Tony Osemiwigie, 27 ans, présenté comme le "personnage central incontournable" de ce réseau criminel d'exploitation de prostituées à Marseille, Kelly Orobosa, 27 ans, décrit comme l'organisateur du passage de ces migrants entre l'Italie et la France, et Happy Sunday, l'un de ses adjoints, ont été condamnés aux peines les plus lourdes, neuf années de prison.
Vera Okoro, compagne de Tony Osemiwigie, s'est vue infliger huit ans de prison. Le couple avait été dénoncé en 2017 par deux prostituées qui
se sont constituées partie civile.
Prostituées pour rembourser leurs dettes
A l'audience, ces victimes ont raconté comment, une fois arrivées en Europe, elles avaient été contraintes de se prostituer pour rembourser leur "dette de passage", habituellement fixée entre 45.000 et 60.000 euros. L'une d'elles a confirmé avoir été violée lorsqu'elle refusait de "travailler" et même ébouillantée après avoir été attachée sur un lit.
Deux prévenues, des "mamas", d'anciennes prostituées devenues proxénètes une fois leur dette de passage apurée, ont été condamnées à cinq et six ans de prison et immédiatement arrêtées.
Dans son réquisitoire la procureure Sophie Couillaud avait, jeudi, évoqué l'implantation à Marseille de ces gangs criminels nigérians: "Cette affaire
plonge dans la marchandisation au plus haut niveau de l'être humain. Moins bruyante que celle qu'on juge habituellement, liée au trafic de drogue et aux règlements de comptes, cette criminalité ne doit pas s'installer à Marseille".
Selon l'accusation, les prévenus appartiennent au groupe criminel Eiye Confraternity, l'un de ceux qui ont pris pied en Europe et notamment en Italie. Il s'agit à l'origine d'une fraternité étudiante nigériane.
Tous les prévenus mais aussi la vingtaine de prostituées qu'ils exploitaient à Marseille et Nice sont originaires de l'Etat d'Edo (Sud du Nigéria) dont "la capitale, Benin-City, est le plus important centre du trafic d'êtres humains du Nigéria", avait expliqué Mme Couillaud.