Nitrites dans les charcuteries : un cabinet d'avocats marseillais poursuit l'Etat en justice

Nitrites dans les charcuteries : pour la première fois en France, un cabinet d'avocats marseillais dépose une plainte contre l'Etat pour inaction et mise en danger de la vie d'autrui. Le lanceur d'alerte Guillaume Coudray, nous explique en quoi cette action peut faire avancer le dossier.

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Pour la première fois en France, un cabinet d'avocats marseillais dépose une plainte contre l'Etat pour inaction et mise en danger de la vie d'autrui. Parmi les avocats qui portent ce dossier, maître Philippe Carlini qui indique, confiant, au micro de France Bleu que "le combat judiciaire est une arme, tout comme la pression médiatique et les associations de victimes. C'est un outil long mais qui prospère".

Réputés cancérogènes, les additifs nitrités sont un "scandale sanitaire" révélé par le lanceur d'alerte Guillaume Coudray. Auteur d'un premier livre publié en 2017, qui avait produit l'effet d'une bombe, le journaliste d'investigation signe son deuxième ouvrage sur le sujet : Nitrites dans la charcuterie : le scandale (éditions Harper-Collins). Il nous explique en quoi l'action des avocats marseillais peut faire avancer le dossier.

>> Guillaume Coudray était aussi l'invité d'Adrien Gavazzi sur France 3 Provence-Alpes.

  • France 3 Provence Alpes : l'action juridique est-elle devenue incontournable dans des dossiers de santé publique ?  

Guillaume Coudray : C'est un moyen couramment utilisé aujourd'hui dans des dossiers de santé publique comme les pesticides, les glyphosates, le Médiator ou face à l'inaction climatique. C'est une façon d'obliger les autorités à protéger les consommateurs. La force de frappe économique et de propagande du lobby en face est tellement puissante, qu'elle paralyse le ministère de l'Agriculture lequel continue plutôt de protéger les industriels. On remarque que les tribunaux administratifs ont de plus en plus souvent leur mot à dire pour contraindre la force publique face à ses manquements. C'est une sorte de "rappel à la loi".

  • Est-ce que votre livre publié en 2017 avait fait avancer le dossier ?  

Depuis cette enquête, des rapports scientifiques très fournis ont fait éclater la vérité. L'Anses a prouvé le lien entre cancer et exposition aux nitrites, l'application Yuka a remporté son bras de fer contre les industriels de la charcuterie en décembre 2022. Les grandes marques françaises ont réagi en commençant à fabriquer des gammes sans nitrites et sans nitrate. 

"Pour les classes populaires, c'est la double peine ! Les foyers modestes ou mal informés se voient servir de la charcuterie contenant des additifs cancérogènes. On spécule sur l'ignorance." 

Guillaume Coudray, lanceur d'alerte

à France 3 Provence-Alpes

  • Pourquoi dites-vous que le sandale a changé de visage aujourd'hui ? 

Pire, il s'est aggravé ! Cinq ans plus tard, les industriels fabriquent deux gammes de produits : l'une "premium", vertueuse et sans nitrites pour les plus avertis et pour les plus fortunés et l'autre, moins chère qui contient toujours des additifs cancérogènes. Les ouvriers, les agriculteurs et les ménages modestes sont les plus grands consommateurs de charcuterie parce que cela représente des protéines peu chères et toujours bien présentées, affichant des prix alléchants et la belle couleur rose du jambon. On spécule sur l'ignorance du public qui se retrouve fortement exposé à des risques de cancer. En particulier le cancer colorectal qui, c'est prouvé, touche principalement les couches populaires.  

  • Est-ce que seuls les consommateurs de charcuterie sont concernés par ces risques sanitaires liés aux nitrites ? 

Tous les Français, même les consommateurs qui ne mangent pas de porc, sont concernés. Avec le début du ramadan, j'ai pu observer les rayons hallal des supermarchés et les caddies des familles qui préparent la rupture du jeûne. On pourrait faire un livre entier sur le scandale du nitrite en hallal. Les consommateurs non musulmans, je vous le disais, ont au moins le choix entre deux gammes de produits, avec ou sans nitrites. Les consommateurs de "charcuterie" hallal n'en n'ont aucun ! Qui a dit que le jambon de poulet ou le jambon de dinde avait besoin de nitrites pour être bien rose ? Cette discrimination est parfaitement scandaleuse. 

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