Sortir les plus démunis de la rue : à Marseille, l'association Toit à moi récupère les clés d'un premier appartement

L’association Toit à moi, déjà implantée dans une dizaine de villes en France, s’ancre à Marseille. Elle accompagne les personnes en grande précarité en leur offrant un nouveau départ. Le premier appartement a été acheté et les travaux vont débuter.

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L’histoire de Gilbert, c’est celle d’un homme de 62 ans qui est sorti de la rue à Lille grâce à l’association Toit à moi. Après deux ans de galère, il a eu la chance de bénéficier du dispositif en janvier 2021. Ce 23 février, il vient de récupérer les clés de son nouveau logement social. Il a également signé un CDDI (Contrat à durée déterminée d’insertion).

Cette histoire pleine d'espoir, c'est l'association Toi à moi qui la raconte sur son site internet. Comme Gilbert et plus de 85 autres bénéficiaires, c’est au tour des plus précaires à Marseille, de profiter du dispositif.

Un premier appartement à Marseille

Après une étude de faisabilité, une campagne de crowdfouding a vu le jour en mai-juin 2021. Grâce à la participation d’une quarantaine de parrains ayant fait un don, Toit à moi a pu s’implanter à Marseille avec pour premier objectif l’acquisition de trois appartements.

Les clés du premier appartement ont été récupérées le 22 février par Julie Nicol. À 34 ans, la jeune femme a la responsabilité d'écrire la nouvelle histoire de l’antenne marseillaise. 

Situé dans le 6e arrondissement, l’appartement de 45 m2 dont l’association est propriétaire va être remis aux gouts du jour avec des bénévoles volontaires.

Un accompagnement sur-mesure

"Il s’agit d’un logement dit " tremplin", ce qui signifie que les personnes ne vont pas rester à vie dans le logement. Il constitue un abri puis un espace dans lequel construire un nouveau projet de vie. D'expérience, ils restent en moyenne 3 à 4 ans", précise la responsable de Marseille.

Les bénéficiaires contribuent financièrement, à leur niveau. "Ils payent ce que l’on appelle un forfait loyer, qui est calculé en fonction de leurs revenus. On évalue un loyer afin qu’ils aient un reste à vivre suffisamment important pour qu’ils puissent vivre au quotidien", explique Julie Nicol.

L’objectif de Toit à moi n’est pas seulement de reloger les personnes les plus démunies. L'accompagnement personnalisé est également l’un des piliers de l’association, un contrat moral entre l'association et son nouveau locataire.

"On explique qu’il y a l’accompagnement avec, c’est un engagement et un accord mutuel. Il faut que la personne adhère aux valeurs et principes du dispositif."

L’association ne cherche pas à s'imposer, mais plutôt de s’adapter et d'aider le bénéficiaire à construire son nouveau projet de vie. Retrouver ses droits, avoir accès à une formation professionnelle, un travail…

Pour en arriver là, Toit à moi oriente les bénéficiaires vers différentes structures du tissu associatif et professionnel du territoire.

"Ce qui est très important, c’est que la personne ait des repères, qu’elle s’autonomise complètement sur ces sujets-là. L’idée, c’est de lui donner les clés pour qu’elle ait toute la maitrise et le pouvoir d'agir sur son quotidien et sa vie."

Lorsque le bénéficiaire se voit attribuer un logement social, l’accompagnement peut se poursuivre. Mais bien souvent, il s’arrête là, en accord avec les personnes et l’association.

"L’idée c’est qu’ils soient le mieux suivis possible, car ils sont très bien entourés, que ce soit par un conseiller pôle emploi, une assistante sociale… Ils ont différents référents qui leur permettent d’avoir des appuis importants dans leur quotidien".

L’importance du lien social

Si l’accompagnement est un pilier majeur, le lien social occupe également une place importante. Notamment pour améliorer le cadre de vie, et leur montrer qu’ils ne sont pas seuls.

Cela se fait grâce à la présence des bénévoles. Que ce soit pour leur investissement dans les travaux de réfection de l’appartement, que dans des activités de la vie quotidienne.

Sortir au cinéma, boire un café, faire des randonnées, refaire ses papiers… Des actions qui peuvent paraitre anodines et qui pourtant sont primordiales pour tisser du lien.

Les bénévoles apportent aussi beaucoup à l’association. "Par exemple, il y a une psychothérapeute qui fait de la sophrologie et qui propose de donner de son temps pour faire des petites séances, c’est génial !", se réjouit Julie Nicol.

Un appartement pour 3 dossiers

Toit à moi aide des grands précaires qui sont, pour la plupart à la rue, ou qui vont l’être. Il n’y a pas de véritables critères de sélection, il faut simplement que la personne puisse être autonomes dans le logement.

Plusieurs partenaires locaux, comme l’association Just, vont donner chacun plusieurs dossiers de situation qu’ils considèrent comme urgentes.

Ensuite, c’est Julie Nicol, en binôme avec une autre personne d’une antenne différente, un responsable d’action - qui a l’habitude et l’expérience - qui sélectionnent trois dossiers.

Une commission a lieu  avec une personne du siège, des partenaires sociaux locaux ainsi qu’un travailleur social. Ensemble, ils vont choisir l’heureux bénéficiaire.

Des dons défiscalisés à 75%

Née en 2007, l’association a trouvé une méthode de financement stable. Cela se fait notamment via des donateurs particuliers.

" La mensualité des dons permet d’avoir un apport financier pérenne. Avec la participation de 120 personnes, qui donnent à hauteur de 20 euros par mois pendant cinq ans, on peut payer un appartement comme celui-ci ", précise Julie Nicol. Tout en sachant que les dons sont défiscalisés à hauteur de 75 %.

L’autre partie des apports se fait grâce à des mécènes qui financent le fonctionnement de l’association. "Le mécénat peut se traduire sous la forme d’un don financier, de produits, de technologie et d’un apport de compétences"

Ce mécénat de compétences peut donner lieu à un avantage fiscal. Il s’agit pour une entreprise de mettre des collaborateurs à disposition d’un organisme d’intérêt général, qui vont mobiliser pendant un temps leurs compétences ou leur force de travail. 

Selon un rapport de l’Observatoire des Inégalités (2019), les sept arrondissements les plus pauvres de France se trouvent à Marseille, ce qui représente 200.000 personnes. Dans ces quartiers, une personne seule vit avec moins de 900 euros net par mois.

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