La société gérante de l’œuvre de Hergé traine un artiste provençal devant le tribunal judiciaire de Marseille pour "contrefaçon". L’intéressé risque 200.000 euros. La décision du tribunal civil sera rendue le 17 juin.
Tintin : c’est l’histoire de sa vie. Des albums qui ont marqué toute son enfance. Le soir lorsqu’il était petit, le père de Christophe Tixier, aujourd’hui décédé, tournait avec lui les pages des aventures du jeune reporter à la houppette.
Le Tibet, la lune, les soviets, le Congo, l’ile Noire... 24 bandes dessinées qui ont fasciné le garçonnet. Les années passent, le petit Christophe grandit, il devient Peppone le plasticien. À la mort de son père, les albums de Tintin lui reviennent.
C’est pour retrouver en quelque sorte le lien avec ce père que l’artiste décide de transformer cet héritage de papier en œuvre d’art.
Dans son atelier au pied du Luberon Christophe Tixier maroufle des sculptures de Tintin en résine avec les vignettes des albums de son père. Peppone réalise 90 bustes à l’effigie de Tintin.
L’histoire pourrait s’arrêter là.
Mais jeudi 15 avril devant le tribunal de Marseille l’artiste va comparaitre. C’est la société Moulinsart, chargée de l’exploitation des œuvres d’Hergé, qui le poursuit pour "contrefaçon".
Avec ses avocates l’artiste entend se défendre sur deux fronts. Le premier pour le moins original "Tintin est-il une œuvre d’Hergé ? "Qui a vraiment créé ce personnage ?
L’une de ses avocates Me Delphine Cô rappelle qu’un illustrateur français avait déjà publié un album au nom de "Tintin-Lutin" en 1898. Il racontait les aventures d’un personnage au pantalon de golf. 1898, c’est plus de trente ans avant la parution du premier album de Tintin signé par Hergé.
Problème pour revendiquer les droits d’auteur d’un personnage il faut que l’œuvre soit originale. Pour l’avocate ça ne serait pas le cas ici.
Les conseils de Christophe Tixier vont aussi plaider le droit à la création et la liberté d’expression de l’artiste.
Dans une précédente affaire qui opposait déjà les deux mêmes parties devant le tribunal correctionnel, la société Moulinsart avait été déboutée.
Cette fois-ci les ayants droits réclament 200.000 euros de dommages et intérêts à Peppone et la restitution des 90 sculptures créées.
"Si on me condamne alors on condamne la liberté d'expression et de création", a estimé à l'issue de l'audience le sculpteur Christophe Tixier, alias Peppone, qui connaîtra la décision du tribunal civil le 17 juin.