"Un ramassis de mensonges, ou interprétation de mes propos", l'imam de la mosquée des Bleuets réagit à la fermeture

À Marseille, ce mardi 20 août, le préfet de police a notifié à la mosquée des Bleuets (13e arrondissement) son intention de la fermer. Son imam,Ismaïl (Smaïn Bendjilali), aurait tenu "des propos légitimant la violence". L'imam se défend de ces accusations. Il a réagi ce mercredi 21 août auprès de France 3 Provence-Alpes.

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La menace de fermeture pèse sur la mosquée des Bleuets à Marseille, dans le 13e arrondissement. Le préfet de police s'appuie sur des propos que l'imam principal aurait tenus, jugés "légitimant la violence, incitations à la haine et la discrimination contre les femmes".

Ce dernier dispose de 10 jours pour répondre aux griefs du ministère de l'Intérieur pour éviter la fermeture du lieu de culte où viennent prier près de 350 fidèles le vendredi. Son imam,Ismaïl (de son vrai nom Smaïn Bendjilali), se défend d'avoir tenu ces propos, qu'il qualifie "de ramassis de mensonges ou d'interprétation de mes propos".

"Ils sont venus perquisitionner mon domicile"

L'imam Bendijlali, assure que son domicile a "été perquisitionné" ce lundi main 19 août, " une visite domiciliaire", précise la préfecture de police. Ensuite, une notification de fermeture de la mosquée lui a été faite ce mardi 20 août, si sous dix jours l'imam ne répond pas au ministère de l'Intérieur, le lieu de culte qui accueille près de 350 personnes fermera ses portes.

Je suis rentré de vacances dimanche soir et dès lundi matin, ils sont venus perquisitionner mon domicile, avant de se rendre à la mosquée, et ce mardi, j'ai reçu la notification du préfet pour la fermeture du lieu de culte.

indique l'imam Ismaïl.

France 3 Provence Alpes

Le préfet de police reproche aussi à cette mosquée d'accueillir des prédicateurs légitimant l'attaque du mouvement palestinien Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

L'imam dispose de 10 jours pour répondre aux griefs du ministère de l'Intérieur pour éviter la fermeture du lieu de culte où viennent prier près de 350 fidèles le vendredi.

En attendant, la mosquée reste ouverte.

Un passif avec les services de renseignements

Selon l'homme religieux, ces évènements font suite à "des informations remontées par les services de renseignements du ministère de l'Intérieur", qu’il qualifie "de fausses et mensongères" remontant à 2016, date à laquelle la mosquée salafiste As Sounna, dans le 3e arrondissement de Marseille a été fermée.

"Les services de renseignements disent que j'y étais imam et que j'y enseignais, mais c'est totalement faux, je n'ai jamais mis un pied dans cette mosquée, je n'avais aucun lien avec cette mosquée, je n'y suis jamais entré, je n'y officiais pas, je n'avais aucun lien avec ce lieu de culte", insiste l'imam Bendjilali.

Selon lui, il existe à son sujet "des notes blanches mensongères", émanant des services de renseignement.

"Il est dans sa position la plus minable qui existe"

Selon l'imam, c'est une "décision politique dictée par un calendrier précis, où le ministre démissionnaire va commencer sa campagne présidentielle en tentant de séduire l'électorat de l'extrême droite, il est dans sa position la plus minable qui existe".

Pour le prédicateur, c'est "la poursuite de sa répression contre les imams, et les acteurs de la communauté musulmane, en fermant des moquées et en expulsant des imams sous des motifs fallacieux". 

Smaïn Bendjilali est imam dans cette mosquée depuis 14 ans. 

"Cela fait 14 ans que j'ai le même discours. Vous pensez bien que si je tenais ces propos depuis 14 ans, la préfecture se réveillerai que maintenant ? Je suis suivi depuis plus de 15 ans, officiellement, par la DGSI, les renseignements territoriaux, je n'ai jamais été inquiété, pourquoi ? Parce que je n'ai pas tenu ces propos, ni appelé à la violence". 

"La plupart des motifs que l'on me reproche sont mensongers ou mal interprétés, comme la charia, la misogynie, l'antisémitisme, le djihadisme, etc.", martèle l'imam.

Pour les personnes du quartier qui fréquentent cette mosquée, c'est la surprise.

"Les gens ont pleuré hier à l'annonce de la fermeture. On ne fait pas de politique, le discours de l'imam parle du Coran, c'est tout. Si la mosquée ferme, on fera la prière dehors", témoigne un fidèle devant la mosquée ce mercredi 22 août.

"On ne comprend pas ce qui lui est reproché, il est très ouvert, il ne rapporte que ce qu'il y a dans le Coran. Tous les fidèles soutiennent l'imam. On est plein de chagrin, on est perdu sans notre mosquée, on vient prier, on se recueille, on a besoin de ce lieu ", explique un fidèle devant la mosquée ce mercredi matin.

"La panoplie de mots qui font peur pour me salir"

Pour l'imam Bendjilali, "mon quotidien, ma présence sur le terrain, montre que je n'ai jamais appelé à la violence. Je participe à des cercles inter-religieux avec des prêtres et des rabbins. J’interviens dans des écoles confessionnelles qui ne sont pas musulmanes".

"Abonné au stade Vélodrome et amoureux de sa ville", il ne comprend pas qu'on puisse lui reprocher d'"être anti-Occident, anti-Français".

En parlant de "charia, islamisme, islam, fondamentalisme, imam, ils ont sorti toute la panoplie de mots qui font peur pour me salir, salir mon nom, ma famille, mon honneur, mais ce n'est pas grave on ne se laissera pas faire", assure l'imam qui compte déposer un recours.

Des dépôts de plaintes étaient lancés pour "diffamations calomnieuses", pour protester contre "les annulations de conférences pour ces motifs mensongers ou des propos qui sont mal interprétés",  explique l'imam. Selon lui, ces dépôts de plaintes ont accéléré les décisions du ministre de l'Intérieur à son encontre qui procède à de "l'intimidation".

"Tous les recours possibles vont être déposés, et on attaquera en justice pour diffamation les raisons pour lesquelles on m'a accusé", détaille Smaïn Bendjilali.

Pour l'imam, "soit je suis coupable et ils le prouvent et je suis condamné, si ce n'est pas le cas, je les attaque pour avoir bafoué la liberté d'expression".

Le religieux, très suivi sur les réseaux sociaux, s'y est aussi exprimé longuement sur la situation, une pétition de soutien est en ligne.

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