Le collectif La France aime sa police lance un appel à descendre dans la rue dans plusieurs villes de France dont Marseille.
Samedi 23 septembre, 9 000 manifestants ont défilé contre les violences policières à Paris. Dans le cortège, un véhicule de police a été pris à partie par des hommes cagoulés, "des violences inacceptables" selon le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin. Au total, six policiers ont été légèrement blessés et huit personnes interpellées, indique la préfecture de police.
Une enquête est ouverte, trois personnes ont été placées en garde à vue. Le préfet de police de Paris Laurent Nuñez a décidé de ne pas ouvrir d'enquête administrative sur le policier qui a sorti son arme pour faire reculer des manifestants.
Le collectif La France aime sa police appelle à une "manifestation citoyenne et apolitique" le 30 septembre à 15 heures dans de nombreuses villes de France dont Marseille. France 3 Provence-Alpes se penche en trois questions sur ce mouvement qui veut soutenir les forces de l'ordre dans la tourmente.
Comment ce collectif est-il né ?
Le collectif la France aime sa police, né à la suite des émeutes au mois de juin 2023, se compose essentiellement de policiers gradés à la retraite venus soutenir leurs collègues actifs et soucieux de redorer le blason des forces de l'ordre françaises.
"En 50 ans, je n'ai jamais vu une telle déstabilisation du corps (de police)" explique Claude Dupont, co-fondateur du collectif, qui a fait de son indignation un moteur. Cet ancien commissaire divisionnaire en retraite, en poste à Marseille de 1982 à 1996, ne décolère pas : "on a vu ce qui a suivi ces émeutes insurrectionnelles, les enquêtes ont mis en cause des policiers, deux d'entre eux ont été placés en détention préventive, et ça, nous ne l'acceptons pas".
On n'est pas nés pour être les éboueurs de la société ! On n'est pas considérés, insultés et maltraités par les politiques et la justice...
Léon Beraudo, retraité de la Police NationaleFrance 3 Provence-Alpes
Pour Patrick Isnard, représentant de l'Institut Vivre Français, à l'origine du collectif, il s'agissait d'envoyer un message fort aux policiers et gendarmes : "les sondages l'attestent, 80% des Français aiment leur police [72% des Français font confiance à la police, d'après une enquête du Cevipof en 2022, ndlr] et c'est à eux que nous voulions avant tout nous adresser pour leur dire qu'on est là et qu’on les aime".
"Et les policiers aiment leur métier et aiment les Français qui respectent les lois", ajoute Léon Béraudo, major de la police en retraite. Selon lui, il était urgent de réagir face à la crise de vocation que traverse la police et le collectif offre la possibilité à des retraités de porter les revendications des actifs, tenus par leur devoir de réserve.
Quelles sont ses revendications ?
Le collectif se démarque des syndicats de police, mais affiche des revendications pour faire avancer les conditions d'exercice de la profession.
Premier point, la détention préventive des fonctionnaires de police dans l'exercice de leur mission. "Policiers et gendarmes ne peuvent pas être inégaux devant la loi et doivent jouir des mêmes garanties que les autres citoyens", selon Claude Dupont qui rappelle qu’existent d'autres moyens que la détention tels que la garde à vue, voire le contrôle judiciaire, faisant référence à l’incarcération du policier de Nanterre auteur du coup de feu mortel.
J'aimerais bien entendre les syndicats de police, certes, ils interviennent sur les chaînes d'information en continu, mais j'aimerais bien connaître leur avis sur le sujet
Claude Dupont, co-fondateur de La France aime sa policeFrance 3 Provence-Alpes
Au rang des revendications, figure aussi la mise en place d'un arsenal législatif pour défendre la présomption de légitime défense des forces de l’ordre et une protection fonctionnelle efficace.
Ce collectif est-il vraiment apolitique ?
Parmi ses appuis, l'Institut Vivre Français, anciennement nommé Institut Apollon, est un cercle de réflexion national, présidé par le polémiste d'extrême-droite Jean Messiha. Cet énarque de formation s'était illustré début juillet 2022 en lançant une cagnotte en soutien à la famille du policier auteur du coup de feu mortel sur le jeune Nahel, lors d'un contrôle routier à Nanterre.
Jean Messiha n'est pas un inconnu en politique. L'ancien responsable du RN, entré dans le parti en 2016, avait claqué la porte en 2020, pour rejoindre Reconquête fin 2021 et devenir le porte-parole d'Éric Zemmour jusqu'en avril 2022.
Aujourd'hui soutien actif du collectiff, notamment sur X (ex-Twitter) , il affirme vouloir préparer le terrain "au camp national" pour la présidentelle de 2027.
Plus largement , les porte-drapeaux du Rassemblement national (RN) saluent l'action de la France aime sa police et s'affichent aux côtés de ses membres.
Parmi les autres soutiens politiques affichés venant de l’extrême-droite, on notera celui de l'ancien avocat marseillais et député européen RN Gilbert Collard ayant rejoint Reconquête.
La plateforme patriotique, qui relaie sur X les appels à manifester samedi, se dit quant à elle porte-parole des citoyens et "indépendante de tout mouvement politique".