L'entrepreneur corse Patrick Rocca reprend la SNCM, 600 postes supprimés, grève votée

L'entrepreneur corse Patrick Rocca a été choisi vendredi à Marseille pour reprendre la SNCM, une décision qui va entraîner près de 600 suppressions de postes sur un peu plus de 1.400 et qui a été suivie par le vote d'une grève reconductible dès vendredi soir.

"#SNCM 583 licenciements pour Noël", a réagi sur Twitter, immédiatement après la décision du tribunal de commerce de Marseille, Jean-François Simmarano, secrétaire général CGT sédentaires de la compagnie maritime, placée en redressement judiciaire en novembre 2014.

Dès le jugement rendu, les salariés de la compagnie se sont réunis en assemblée générale sur un ferry de la compagnie et ont décidé de se mettre en grève immédiatement.
Ils ont voté un arrêt de travail reconductible avec occupation des bateaux. Un préavis avait été déposé le 10 novembre par  'intersyndicale, à l'exception du Syndicat des travailleurs corses.

3 traversées annulées

La grève entraînera l'annulation de trois traversées vendredi soir, a précisé Frédéric Alpozzo, délégué CGT.

Il ne pourra pas y avoir de reprise du travail sans une solution pour l'ensemble des salariés


a-t-il commenté après l'AG, devant la presse.

Il va falloir que des discussions s'ouvrent rapidement avec le repreneur retenu afin que se matérialisent les engagements qu'il a pris au niveau social


a-t-il ajouté.
Le projet de reprise de M. Rocca, 50 ans, dont le groupe comprend 27 sociétés dans le transport, l'immobilier ou les déchets, prévoit la reprise de 845 salariés (873 en comptant les filiales) sur plus de 1.400 en CDI. Trois autres projets de reprise avaient été déposés, par le consortium d'entreprises corses Corsica Maritima, le groupe Baja Ferries et l'ex-directeur du port de Marseille Christian Garin, associé à l'armateur grec Arista.

La SNCM liquidée pour la CGC

"Aujourd'hui, la SNCM a été liquidée, c'est un nouveau projet", a commenté auprès de la presse Pierre Maupoint de Vandeul, de la CFE-CGC.
"C'est une décision qu'on respecte, mais nos pensées aujourd'hui vont aux 600 familles des salariés" qui vont perdre leur emploi.
Pour Patrick Rocca, cette décision n'est pas une victoire, nous avons une pensée pour les salariés qui vont être licenciés", a aussi assuré Me Alain Guidi, évoquant l'"espoir" de son client d'une "vie sociale apaisée , l'espoir de construire quelque chose, de mettre fin à la caricature de la SNCM".
La compagnie, a précisé Me Guidi, devait être rebaptisée Compagnie Maritime Méridionale.

Contexte d'incertitude

M. Rocca faisait figure de favori dans ce dossier, qui a connu d'innombrables reports depuis un an, depuis que le procureur Brice Robin s'était prononcé début novembre en sa faveur malgré plusieurs condamnations pénales de l'entrepreneur, notamment en février 2014 pour escroquerie et abus de bien social.

Lors de l'audience du 4 novembre, M. Robin avait d'ailleurs conclu en faveur de l'offre de Patrick Rocca en disant "espérer la droiture dans la gestion de ses différents patrimoines professionnels et personnels", peut-on lire dans le jugement de vendredi.

Pour la reprise d'actifs estimés à environ 220 millions d'euros, le chef d'entreprise a proposé 3,7 millions d'euros, relève le jugement, un montant qui, réévalué avec les charges et en fonction du périmètre de reprise de toutes les offres, atteint 11,6 millions d'euros.

"La décision a été rendue dans un contexte d'incertitude très grand", a souligné M. Maupoint de Vandeul.

Les enjeux à venir

Sur la table du repreneur figure notamment la question de la discontinuité économique: celle-ci, qui garantit que la nouvelle société est assez "différente" de l'ex-SNCM, permettra au groupe Rocca d'échapper aux centaines de millions d'euros réclamés par les autorités européennes pour des aides jugées illégales. Bruxelles n'a pour le moment donné qu'une "lettre de confort" aux candidats à la reprise et doit confirmer sa position, a observé le syndicaliste.
Autre défi auquel sera confronté très vite le repreneur: l'épineuse question de la délégation de service public (DSP), un mécanisme de subventions dont bénéficient la SNCM et sa concurrente La Méridionale pour maintenir des lignes entre la Corse et le continent, au nom de la continuité territoriale.
Elle devra être modifiée à partir de 2016 en vertu d'une décision de justice. "L'offre de reprise repose sur du sable", a résumé M. Maupoint de Vandeul.
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