Les marins de la SNCM menacent de faire grève le 1er janvier pour sauver la compagnie

Les syndicats de la SNCM ont déposé un préavis de grève reconductible. Ils réclament l'application du plan de sauvetage et un nouvel actionnariat "d'intérêt général" pour remplacer
Veolia-Transdev

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En cette période de veoeux pour 2014, les salariés de la SNCM n'en ont qu'un seul à formuler, sauver leur compagnie. Après une période de deux ans sans grève, les bateaux de la SNCM resteront à quai mercredi. Les syndicats, qui ont déposé un préavis reconductible, réclament l'application du plan de sauvetage et un nouvel actionnariat "d'intérêt général" pour remplacer Veolia-Transdev.

L'ensemble des organisations, à l'exception du syndicat nationaliste des travailleurs corses (STC), prennent part à ce mouvement initié par la CGT, syndicat majoritaire rejoint par le SAMMM (Syndicat autonome des marins de la marine marchande), la CFDT et pour l'encadrement par la CFE-CGC. Des tractations ont lieu en coulisses avec le gouvernement pour éviter le conflit, mais pour l'heure le mot d'ordre est maintenu.

Face à cette menace de grève, la direction de l'opérateur historique du transport maritime Corse-continent est partagée. Le préavis "est le fruit d'une inquiétude compréhensible des salariés concernant la mise en place concrète du plan industriel de relance proposé par le management et plébiscité par près de 60% des marins", estime le directeur communication de la SNCM, Pierre Jaumain.

Cependant, prévient-il,

"si l'arrêt de la compagnie se confirme mercredi, sur les deux premiers jours, ce serait plus de 4.000 clients touchés pour un coût de près de 1 million d'euros".


Or la compagnie maritime aux 2.600 salariés, en proie à des difficultés de trésorerie et sous le coup d'une double condamnation de Bruxelles à rembourser 440 millions d'euros d'aides jugées illégales, traverse une phase critique. 
Au coeur du problème, l'actionnariat. Veolia, qui devait récupérer en direct les 66% détenus par Transdev, coentreprise formée avec la Caisse des dépôts, souhaite se désengager.

Dans ces conditions, le numéro un mondial de l'eau rechigne à apporter les garanties bancaires nécessaires, préférant le scénario du dépôt de bilan. Un scénario catastrophe
de nouveau brandi juste avant Noël, l'actionnaire octroyant finalement in extremis un prêt de 13 millions d'euros à la SNCM, indispensable à la poursuite, jusqu'à fin janvier, de son activité.

Pourtant, l'entreprise, loin de son image "sclérosée et vieillotte", est "viable", martèlent à l'unisson syndicats et direction, convaincus de l'urgence du lancement du plan. Validé en juin, celui-ci doit permettre d'économiser 70 millions d'euros par an et d'atteindre la rentabilité en deux ans, via la suppression de 500 postes et le renouvellement des navires.

"Veolia et Transdev ne doivent pas avoir droit de vie et de mort sur la SNCM", 

s'insurge le délégué CFE-CGC Maurice Perrin pour qui il est urgent de trouver de nouveaux partenaires. Les syndicats appellent à la mise en place d'un "actionnariat public d'intérêt général" avec la Caisse des dépôts et les collectivités, aux côtés de l'Etat (25%) et des salariés (9%). La ville de Marseille a récemment demandé de siéger au
conseil de surveillance comme administrateur indépendant. Le conseil général des Bouches-du-Rhône s'est de son côté dit "prêt à entrer au capital de la SNCM", "dans le cadre d'un projet industriel" porté par un acteur privé.

Les holdings d'investissement Alandia et Fin'Active ainsi que deux armateurs, dont les noms n'ont pas été précisés, ont déjà manifesté leur intérêt. Certains vont plus loin en plaidant pour "une maîtrise 100% publique", à l'image de sept élus communistes des régions Paca et Corse qui réclament une table ronde. "Si les différents acteurs se mettent autour d'une table", une solution peut rapidement émerger, assure une source proche du dossier. A condition d'"une volonté politique", selon le président du directoire Marc Dufour, qui appelle "les actionnaires, dont l'Etat, à assumer leurs responsabilités".

Car derrière les discours rassurants, le gouvernement joue "un double jeu", de l'avis de plusieurs protagonistes. Très critique, la CGT reproche au ministère des Transports de mettre un point un décret sur les règles sociales appliquées aux travailleurs étrangers qui "préserve les intérêts des armateurs", contrairement à ses engagements.
Selon le représentant syndical Frédéric Alpozzo, il organise la "libéralisation" du secteur, faisant ainsi le jeu de l'entreprise privée Corsica Ferries aux navires battant pavillon italien et aux équipages multinationaux.
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