Le tribunal correctionnel de Marseille a relaxé, ce mardi, la députée (PS) des Bouches-du-Rhône Marie-Arlette Carlotti, ex-ministre déléguée aux Personnes handicapées, poursuivie pour injure publique à caractère racial.
Actuelle présidente du Haut comité pour le logement des personnes défavorisées, Mme Carlotti était poursuivie pour injure publique à caractère racial à la suite d'une plainte déposée le 5 mars 2014 par Hacen Boukhelifa, avocat et militant socialiste marseillais.Sur la foi de quatre témoignages de militants, l'avocat s'estimait injurié par Mme Carlotti à raison de son origine.
Il assurait que, lors de l'inauguration des locaux de campagne de la ministre, le 25 janvier 2014, elle aurait lancé, justifiant son refus de lui offrir une place
éligible sur la liste qu'elle conduisait dans son secteur municipal: "Hacen Boukhelifa ne sera jamais sur ma liste, de toute façon, j'ai déjà un candidat arabe de la diversité sur ma liste et il n'a qu'à aller voir Samia Ghali pour qu'elle le prenne sur sa liste du 15/16 (arrondissements) dans les quartiers Nord" de Marseille.
Blessure profonde
A l'audience du 1er décembre 2015, M. Boukhelifa avait fait part de sa "blessure profonde" d'être "renvoyé à sa condition d'indigène arabe".En dépit de 39 attestations remises par Mme Carlotti pour établir l'inexactitude de ces propos, le tribunal a jugé qu'ils avaient bien été tenus, non pas publiquement mais devant "un public d'élus, de candidats, de collaborateurs politiques, de militants, de sympathisants, tous unis par une communauté d'intérêts".
Dans un raisonnement "à cliquets", le tribunal a jugé que ces paroles n'étaient donc susceptibles de recevoir que la qualification d'injure non publique à caractère racial, une simple contravention.
Cependant, suivant en cela les réquisitions du parquet de Marseille, le tribunal a estimé que les propos n'étaient "ni outrageants, ni injurieux".
"Dire d'une personne qu'elle est arabe ou la qualifier comme tel n'équivaut pas à lui prêter un défaut ou à lui adresser une invective", écrivent les juges dans leur jugement dont l'AFP a eu connaissance. M. Boukhelifa avait lui-même adressé un SMS à Mme Carlotti se qualifiant de "représentant de la diversité". La référence aux "quartiers Nord" n'est pas non plus de nature injurieuse, ont estimé les magistrats.
Mme Carlotti avait dénoncé une entreprise de calomnie, cette procédure n'ayant, selon son défenseur Me Jorge Mendes Constante, que "l'unique but d'assouvir une vengeance personnelle et politique".
"Je peux enfin tourner la page de deux ans de harcèlement et de calomnies, dont le seul objectif était de me salir", a réagi Mme Carlotti.
M. Boukhelifa a annoncé pour sa part qu'il ferait appel du jugement. - avec AFP -