Les syndicats de la SNCM ne croient pas aux promesses d'Ayrault

Plus de 60 % des marins de la SNCM sont en grève reconductible en ce 1er janvier. Les cinq bateaux programmés entre Marseille et la Corse ou le Maghreb restent à quai. Une assemblée générale a eu lieu ce matin sur le Paglia Orba. Les syndicats demandent une table ronde sur l'avenir de la compagnie. 

L'annonce des nouvelles promesses de Jean-Marc Ayrault n'a pas convaincu. Les syndicats de la SNCM lancent en ce premier jour de l'année une grève reconductible, Ils dénonçent un "abandon" du plan de sauvetage de la compagnie maritime aux 2.600 salariés, en pleine tourmente.

"enfumage électoral"

La veille pourtant, le Premier ministre a annoncé dans un courrier au député marseillais PS Patrick Mennucci, candidat à la mairie, 30 millions d'euros d'apport supplémentaire de l'Etat. En contrepartie, il exige toutefois "la mise en place dans des délais désormais rapides des mesures de redressement", soulignant que "cette solution devra être mise en
lien avec l'actionnaire majoritaire", Veolia-Transdev. 

La CGT Marins, syndicat majoritaire, a immédiatement fustigé un "enfumage électoral". Son représentant Frédéric Alpozzo a déploré qu'on demande aux salariés de fournir
tous les efforts, "sans que l'Etat et les actionnaires respectent leurs engagements industriels". Selon le délégué CFE-CGC Maurice Perrin, les déclarations de M. Ayrault "cachent
en réalité l'abandon du plan tel qu'il a été voté par l'ensemble des actionnaires". 

Voir le reportage de Jean-Emmanuel Bertrand et Joe Lovett : 
Ce programme devait permettre d'économiser 70 millions d'euros par an et d'atteindre la rentabilité en deux ans, via la suppression de 500 postes et le renouvellement des navires.

4000 clients touchés

C'est "un revirement important", "une remise en cause du projet industriel bâti par le management, partagé avec les salariés et soumis dernièrement au vote des marins", confirme une source proche du dossier. 

Après l'annonce de Jean-Marc Ayrault, les syndicats - la CGT, le SAMMM (Syndicat autonome des marins de la marine marchande), la CFDT et pour l'encadrement, la CFE-CGC - ont maintenu l'appel à la grève, avant la tenue d'une assemblée générale ce matin.

Les cinq bateaux programmés ce mercredi (entre Marseille et la Corse ou le Maghreb) devraient donc rester à quai. La direction fait état de "plus de 4.000 clients touchés sur les deux premiers jours, pour un coût de près de 1 million d'euros".
Des perturbations sont également prévues à la Méridionale, qui détient avec la SNCM la délégation de service public pour les liaisons entre la Corse et Marseille de 2014 à 2023.
La SNCM, en proie à des difficultés de trésorerie et sous le coup d'une double condamnation de Bruxelles à rembourser 440 millions d'euros d'aides jugées illégales,
traverse une phase critique.

"insulte aux élus marseillais"

Le maire Jean-Claude Gaudin a vivement réagi par voie de communiqué à l'annonce de Jean-Marc Ayrault.

"(...) Je suis choqué alors que la ville et le conseil général ont fait des propositions, on annonce cette nouvelle en passant par le candidat socialiste à la mairie de Marseille. Si un gouvernement de droite avait eu l'audace de faire pareille insulte aux élus de Marseille, cela aurait fait la une de tous les journaux".


"sclérosée et vieillote"

Au coeur du problème, l'actionnariat. Veolia, qui devait récupérer en direct les 66% détenus par Transdev, coentreprise formée avec la Caisse des dépôts, souhaite se désengager. Dans ces conditions, le numéro un mondial de l'eau rechigne à apporter les garanties bancaires nécessaires, préférant le scénario du dépôt de bilan. Un scénario catastrophe de nouveau brandi juste avant Noël, l'actionnaire octroyant finalement in extremis un prêt de 13 millions d'euros à la SNCM, indispensable à la poursuite, jusqu'à
fin janvier, de son activité.

Pourtant, l'entreprise, loin de son image "sclérosée et vieillotte", est "viable", martèlent à l'unisson syndicats et direction. "Veolia et Transdev ne doivent pas avoir droit de vie et de mort sur la SNCM", s'insurge M. Perrin qui regrette que le gouvernement "reporte sine die toute recherche d'un actionnariat futur". Les syndicats appellent à la mise en place d'un "actionnariat public d'intérêt général" avec la Caisse des dépôts et les collectivités, aux côtés de l'Etat (25%) et des salariés (9%).

La ville de Marseille a récemment demandé de siéger au conseil de surveillance comme administrateur indépendant. Le conseil général des Bouches-du-Rhône s'est de son côté dit "prêt à entrer au capital de la SNCM", "dans le cadre d'un projet industriel" porté par un acteur privé. Les holdings d'investissement Alandia et Fin'Active ainsi que deux armateurs, dont les noms n'ont pas été précisés, ont déjà manifesté leur intérêt. 
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