Lambesc : ce 12 juin 1944 où 80 résistants furent fusillés sur le plateau de Sainte-Anne

C'est une page oubliée de la Seconde guerre mondiale. Le 12 juin 1944, 80 résistants ont été fusillés par les Allemands, sur le plateau de Sainte-Anne, entre Lambesc, La Roque d'Anthéron et Rogne, dans les Bouches-du-Rhône. Soixante-quinze ans après, un hommage leur est rendu.

Douze juin 1944 - Douze juin 2019. 75 ans ont passé depuis le massacre des maquisards du plateau de Sainte-Anne, près de Lambesc, dans les Bouches-du-Rhône, par des soldats allemands.

75 ans après, quelques personnes âgées ont traversé la forêt pour se rendre au pied du mémorial des martyrs de la résistance, pour leur rendre hommage, dans l'intimité.

Ceux qui sont présents ont perdu un père, un oncle ou un beau-frère, tous fusillés ici. C'était des résistants du plateau de Sainte-Anne que les Allemands avaient fait prisonniers le jour-même, avant de les exécuter en fin d'après-midi.
 

"J'ai dit que j'avais 14 ans", Marceau Morel, seul rescapé

Parmi les prisonniers, un seul échappera au massacre, Marceau Morel. Il doit sa vie à son petit gabarit. A 17 ans, il avait l'air d'un jeune adolescent. "Il me dit quel âge as-tu ? J'ai dit 14 ans... Il me botte le derrière et me dit: Rentre chez toi, et je suis parti en courant... Après, j'ai entendu la fusillade", raconte ému le rescapé.

Colette Desmoulins perd son père et son beau-frère

Colette Desmoulins avait sept ans, ce 12 juin 1944. Elle a perdu son père, Félix Desmoulins, 44 ans, le plus âgé des fusillés, ainsi que son beau-frère, Marcel Turcan, dont l'épouse était enceinte de trois mois.

"Ma mère était là, dans la forêt, et regardait. Elle pensait qu'ils allaient être emmenés comme prisonniers (...) Après, elle a entendu les mitraillettes... Ma tante et le monsieur qui avait la charrette sont montés ramasser les corps et les ont emportés sur la place du village pour pouvoir les reconnaître. Ils étaient méconnaissables".

Les Allemands n'ont laissé aucune chance aux résistants

Dans la nuit précédent ce jour noir, les Allemands ont encerclé le massif. Plus de 200 résistants s'y cachaient. Dès l'aube, ce fut un déluge de feu. Des avions ont largué des bombes incendiaires, créant un mouvement de panique chez les résistants les moins aguerris.

"Ceux qu'ils ont pensé avant tout, c'est de rejoindre leur village pour essayer de se sauver (...). Les Allemands les attendaient à un endroit stratégique, que sont les ponts du canal de Marseille. Ils étaient certains d'en coincer le maximum", explique André Jacquèmes, fils d'Yvon Jacquèmes, fusillé le 12 juin 1944.

Ceux qui n'ont pas été fusillés, ont perdu la vie en combattant dans le massif. Et pour ne jamais oublier, là où chaque résistant est tombé, une stèle porte son nom.

Ce jour le plus meurtrier des combats du plateau de Sainte-Anne a fait plus de 80 victimes. Sur le mémorial des martyrs de la résistance, au cœur du massif, leurs noms s'ajoutent à tous ceux qui, dans cette région, sont morts pour la France entre 1940 et 1945.

272 noms sont gravés sur ce mémorial.
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