Témoignages. "J'ai vu maman mourir…" : entre joie et souffrance, ils racontent ces jours qui ont marqué le débarquement de Provence

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A partir du 15 août 1944, de nombreux Provençaux ont vu arriver les forces alliées lors du débarquement en Provence.
Cinq témoins du débarquement en Provence en août 1944 racontent ce qu'ils ont vécu au cours de ce mois décisif durant la Seconde guerre mondiale. ©"Provence 44" / France Télévisions
Publié le Mis à jour le Écrit par Jérôme Comin

Des premiers planeurs qui ont atterri aux Arcs-sur-Argens à la sanglante bataille de Marseille, ces Provençaux ont vécu la libération du sud de la France au plus près en ce mois d'août 1944. Ils partagent leurs souvenirs au travers d'histoires singulières.

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Avec le débarquement des troupes américaines le 15 août 1944 puis françaises, la Provence, les Alpes méridionales et la Côte d'Azur repassent en seulement 13 jours de l'oppression à la liberté. Pendant cette période de reconquête éclair, les terribles affrontements entre les troupes d'occupation nazies et les forces alliées venues par le ciel et la mer, ont laissé des traces indélébiles dans les mémoires de jeunes témoins.

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Alors voici leurs souvenirs où se côtoient des joies et des drames au moment de l'arrivée des libérateurs.

"Les pilotes ont été tués, c'est certain" : Albert Mireur, Les Arcs-sur-Argens, le 15 août 1944

"On jouait avec un copain à côté de la ferme quand on a vu que les planeurs se détachaient de la corde qui le remorquait de l'avion. Nous sommes partis et nous avons eu la chance d'en voir deux atterrir. Un a atterri, on peut dire atterrir parce qu'il n'a pas fait trop de casse, mais il y en a un qui a pratiquement fini à la verticale. Mais nous ne sommes jamais allés le voir, mais les pilotes ont été tués, c'est certain. D'autres atterrissaient ailleurs probablement. Mais à Sainte-Roseline, il n'y avait plus de place pour les autres. Il n'y avait pas de vent, pas de sens d'atterrissage. Il y en a qui arrivaient d'un côté ou de l'autre. Généralement un avion, un aéronef atterri contre le vent et là, ils atterrissaient dans tous les sens…"

"Quand on est sorti de notre petit trou, on est tombé sur un Américain" : Louis Maurric, La Croix Valmer, 15 août 1944

"Le matin, vers les 4 heures, on a entendu des déflagrations, les alliés ont attaqué les batteries du cap Nègre. Là on s’est dit : ‘Ca y est, c'est le débarquement !’ On le savait très bien mais c'étaient des 'on dit' ! Ensuite, le bombardement pour faire sauter toutes les mines qu'il y avait sur les plages a commencé. Tout ça pour préparer le débarquement. Là ça a été quelque chose d'inouï ! Après, il y a eu le débarquement et quand on est sorti de notre petit trou, on est arrivé sur un chemin et on est tombé sur un Américain qui s'est présenté tout seul, comme ça…"

"Nous ne savions pas si c'était un Allemand ou un débarqué" : Claude Gritti, Le Lavandou, 17 août 1944

"Le 17 au matin, vers 6h40, on voit arriver un gars qui est tout mâchuré, barbouillé avec du noir sur le visage. Il portait une arme et ne disait pas un mot. Il regardait à droite, à gauche. Et nous ne savions pas si c'était un Allemand ou un débarqué. Mais dix minutes après, il y a deux Américains qui arrivent avec un Allemand qui avait les mains sur la tête. Là, nous avons compris que nous étions libérés. Ca a été la grande joie !”

"A l'époque, on ne connaissait pas les chewing-gums" : Julie Martin, La Londe-les-Maures, 18 août 1944

"Ma mère nous a dit : 'Vous allez passer dans les vignes et vous allez voir les Américains et les Français pour qu'ils vous donnent de quoi manger'. Alors, on est partis avec notre petit sac et on a ramené des boites de corned-beef, c'était bon, et des galettes américaines. Et ils nous ont donné aussi des chewing-gums. Mais, nous, à l’époque, on ne connaissait pas les chewing-gums. On croyait que c'étaient des bonbons. On les a mâchés et on les a avalés !"

"J'ai vu maman mourir…" : Abèle-France Ataroff, Marseille, 24 août 1944

"C'était l'après-midi. Ma mère me dit : ‘Ils sont là !’ On se précipite tous pour aller voir les alliés.. Moi la première. Mais ma maman me demande d’aller vite dire aux libérateurs que les Allemands sont encore là. Alors, je pars en courant, je rase le mur. J'arrive un petit peu à découvert. A ce moment-là, je vois avec surprise des Tabors, qu'on appelait les goumiers [des soldats marocains encadrés par des officiers et sous-officiers français des Affaires indigènes], qui étaient là. Il y en avait un avec un bazooka. Je suppose que c'était avec ça qu’il me visait un peu. Je lui dis : ‘Non, non, non, non, je suis là. Maman dit qu'il y a encore des Allemands. Faites attention, il y a des Allemands !’ Et maman derrière crie : 'Il y a des Allemands ! Arrêtez, il y a des Allemands !' Et c'est à ce moment-là que nous avons reçu l'éclat d’un obus. Je me jette par terre, bien sûr. Un grand silence, une odeur particulière. Je me retourne, je vais vers ma maman et puis je pousse un grand cri. Elle était par terre, ensanglantée, plus de jambes et j'ai vu maman mourir…"

>> "Provence 44" : retrouvez tous les épisodes de notre web série sur le débarquement en Provence sur france.tv

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