Témoignages. Cyclone Belal. "Il y a des rafales hallucinantes qui font tout craquer" : l'angoisse des Provençaux confinés à La Réunion

Publié le Écrit par Laure Bolmont

L'œil du cyclone tropical Belal a touché La Réunion, ce lundi 15 janvier matin. Deux Provençaux, confinés aux Avirons et à Saint-Gilles, racontent de l'intérieur cette "alerte violette" inédite dans l’histoire de l'ile.

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La population reste confinée sur l'île de La Réunion, où l'œil du cyclone tropical Belal est arrivé lundi 15 janvier au matin. Les autorités redoutent toujours des rafales de 250 km/h et des rivières en crue. La préfecture de ce département-région de l'océan Indien, qui compte quelque 870000 habitants, a confirmé un premier décès à Saint-Gilles, celui d'une personne sans domicile fixe qui n'avait pas pu se mettre à l'abri.

Trois heures de décalage horaire séparent la métropole de ce département, où des Provençaux ont choisi d'aller s'installer pour différentes raisons. Nathalie en 2004, a choisi la qualité de vie pour sa famille et Nicolas, il y a 4 ans, a accepté un poste dans une grande entreprise. "J'ai hâte d'être dans l’œil du cyclone pour avoir une petite accalmie", confie Nathalie Vandelle depuis sa maison des Avirons (au sud-ouest l'île) située à 450 mètres d'altitude, "même si je sais que la suite va être pire, ça va nous permettre de souffler". 

Alerte violette, une première

Durant plusieurs heures, l'île de La Réunion a été placée en alerte violette, l'alerte maximale imposant un confinement strict, y compris aux services de secours et de sécurité, qui ne peuvent plus circuler.

"Très angoissant, surtout pour les personnes âgées", explique Nicolas Jouffrault, ce marseillais d'adoption de 27 ans, qui échange avec ses collègues réunionnais par WhatsApp, "même pour eux, qui ont l'habitude, c'est inquiétant d'imaginer que l'on ne peut pas être secouru en cas de problème grave". Ce qui l'a surpris, dit-il, c'est d'avoir appris "tardivement", seulement dimanche, que le cyclone allait prendre une telle ampleur.

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"Il y a des rafales hallucinantes qui font tout craquer, j’espère que ma toiture va tenir" raconte Nathalie ©Nathalie Vandelle

Nathalie confirme, "une alerte violette, je n'ai jamais connu ça en 20 ans", bien que des épisodes violents aient déjà traversé la Réunion depuis qu'elle y vit. "Belal est comparé à un cyclone que je n'ai pas connu, Firinga en 89'", explique-t-elle, retranchée dans son salon, duquel la vue mer a disparu, faisant place à un épais nuage gris. "Moi, le plus costaud que j'ai traversé, c'est Gamède en 2007  (NDLR : qui avait fait deux victimes), mais il n'était pas passé juste au-dessus de la Réunion malgré tout".

Cette fois-ci, pour la première fois, Nathalie a eu peur. "Ce qui est inédit, c'est sa trajectoire. On a su dès le déclenchement de l'alerte orange, samedi, qu'il allait nous passer carrément dessus".

Des rafales à 200 km/heure

Des SMS géolocalisés d'alerte ont été envoyés par la Préfecture à toute personne se trouvant sur l'île. C'est le cas des beaux-parents de Nicolas, en vacances depuis quelques jours à Saint-Gilles, destinataires des messages. "Avec ma copine, on est allé se confiner à leurs côtés, dans leur villa de location. Par chance, il y avait une bouteille de gaz, donc on a pu cuisiner malgré les coupures d'électricité".

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"On est pas serein avec des rafales de vent à 200 km/heure", raconte Nicolas, qui filme depuis sa terrasse. ©Nicolas Jouffrault

"Il y a des rafales hallucinantes qui font tout craquer, j’espère que ma toiture va tenir" raconte Nathalie. À 54 ans, cette professeure des écoles s'est retrouvée seule dans sa maison, mais se dit toutefois rassurée par des prévisions météo de plus en plus précises qui permettent de savoir en temps réel "où le cyclone se situe et où il se dirige ! "

Faire le plein d'eau... et de patience

Nicolas tout comme Nathalie ont fait leurs réserves dans le courant du week-end, en achetant des packs d'eau minérale et en stockant de l'eau du robinet par tous les moyens.  "Tu remplis ta baignoire si tu en as une, des grandes poubelles, des seaux, des bouteilles d'eau vides que tu gardes" détaille Nathalie, "parce qu'une semaine sans eau, c'est long !"

Pour elle, à chaque cyclone, les mêmes gestes réflexes pour faire face à l'inconnu : faire des provisions de nourriture, sans produits frais ni surgelés en cas de coupures d'électricité. Prévoir des bougies, un petit réchaud à gaz de camping et surtout une radio à piles, "parce que quand il n'a plus ni électricité, ni téléphone, ni internet, ni télé, eh bien, tu écoutes la radio !".

Le cyclone cette fois-ci frappe très fort, il y a des rafales extrêmement violentes partout sur l'île, on n'est pas serein avec des vents à 200 km/h"

Nicolas Jouffrault, Provençal installé à Saint-Denis

à France 3 Provence-Alpes

100 000 foyers privés d'électricité

Privé d'électricité, il faut aussi penser à économiser la batterie de son téléphone pour communiquer avec l'extérieur et pouvoir rassurer ses proches. Nicolas s'inquiète d'ailleurs de ses collègues, dont il est sans nouvelles, et qui résident dans des secteurs de l'île où il y a eu d'importantes inondations.

"En revanche, je reçois beaucoup de messages de mes parents qui vivent à Marseille", raconte le jeune homme, "mais aussi de mes copains en métropole qui sont plus angoissés que nous parce qu'ils regardent les infos, alors qu'ici, en étant confinés, on ne se rend pas vraiment compte."

La Réunion repassée en alerte rouge

Si l'alerte violette a bien été levée et que nos deux Provençaux peuvent désormais souffler, les conditions météos demeurent extrêmes. Le mur de l’œil du cyclone apporte pluies intenses, vents violents et mer déchaînée. Des personnels d'urgence "arriveront sur place dès la réouverture de l'aéroport", a fait savoir le ministre de l'Intérieur. "On voit le bout du tunnel", affirme cependant le préfet.

"Ça y est... plus d'électricité... Je vais me mettre un peu en mode avion," conclut hâtivement Nathalie. Nicolas, lui, s'en retourne rejoindre ses beaux-parents qui ont vu leur séjour "gâché" par le cyclone. "Ce n'est pas grave bien sûr, mais c'est dommage", dit-il, "il faudra des jours pour déblayer les routes, réparer les dégâts, évacuer la boue". De quoi effectivement dire adieu aux vacances paradisiaques et à la plongée. 

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