Les drones, commerciaux ou civils, font désormais partie du paysage aérien mais la commercialisation de ces engins sans pilotes, potentiellement dangereux, doit, selon les professionnels, être encadrée d'urgence.

"N'importe qui peut acheter n'importe quoi, mais n'importe qui n'a pas le droit de faire voler n'importe quoi", résume à l'AFP Martine Hallynck, présidente du Syndicat national des pilotes professionnels de drones civils (SNPPDC). 

La collision évitée de justesse il y a deux semaines, à 1.600 m d'altitude, entre un Airbus à l'approche de l'aéroport de Roissy et un drone - dont le plafond d'évolution ne doit pourtant pas dépasser les 150 m - illustre les risques pour les avions de ligne d'une pratique en plein essor.

Reportage du 5 mars dernier :


Roissy : un Airbus a évité de justesse un drone
Selon la Direction générale de l'aviation civile (DGAC), il y avait, fin 2015, entre 150.000 et 200.000 drones de loisirs en France, dont 98% de micro-drones d'un poids inférieur à 2 kg. La plupart de ces engins sont équipés de caméras embarquées. 

Le nombre d'aéronefs télépilotés par des professionnels a été multiplié par dix et est passé de 380 en juin 2013 à 3.087 en juillet 2015. Sans compter les drones de fabrication artisanale à partir de kits prêts à monter, voire de pièces récupérées. 
Si le potentiel économique du secteur semble avéré, le défaut de maîtrise ainsi que les agissements malveillants - obtention d'informations protégées, atteinte à la vie privée, atteintes physiques, menaces sur le transport aérien, installations et sites sensibles...-  inquiètent les autorités. 


Sécurité : la France veut limiter la prolifération des drones
A l'image de l'incident récent et encore inexpliqué. Selon le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA), le 19 février, le drone est passé à 5 mètres en-dessous de l'aile gauche d'un A320 d'Air France en phase de descente vers l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle.
L'avion se trouvait à 5.500 pieds (1.600 m) d'altitude, volant à une vitesse de 220 noeuds (400 km/h).
Un commandant de bord d'Air France, cité par le SNPPT et qui a pu parler à l'équipage, a affirmé que le drone avait une envergure de 80 cm à 1 m et quatre moteurs (quadri-rotors). 
Les micro-drones peuvent voler jusqu'à quelques centaines de mètres mais certains mini-drones ont la capacité d'atteindre plusieurs milliers de mètres d'altitude. 

Toutefois, un drone évoluant à haute altitude reste très étonnant, selon Mme Hallynck qui évoque l'hypothèse d'un amateur à la recherche d'un "coup d'éclat" ou qui aurait fait des "essais". 

Si à priori un choc avec la carlingue de l'Airbus n'aurait pas eu de conséquences, une explosion de sa batterie au lithium aurait pu provoquer des dégâts importants notamment en cas d'ingestion par l'un des réacteurs. 

Incident "symptomatique"

Malgré des arrêtés pris à la fin 2015 qui ont notamment limité l'altitude de vol de drones à 150 m, et interdit leur évolution dans les zones d'approche des aéroports, il reste, selon les professionnels du secteur, du chemin à faire. 

"Il y a une règlementation très stricte sur l'utilisation du drone, l'exercice (professionnel) des pilotes est encadré, la formation va l'être, pour l'instant ce qui n'est pas encadré c'est la commercialisation", déplore Mme Hallynck.

Le SNPPDC plaide ainsi pour une immatriculation des drones, demande que l'achat d'appareils de plus de 2 kg soient réservés aux professionnels et que le propriétaire d'un micro-drone soit détenteur d'un brevet.

Si les pilotes professionnels et les passionnés, membres d'aéroclubs, sont en général sensibilisés et formés aux dangers de la pratique, toute une frange d'amateurs peut, en revanche, sans aucune préparation, lancer un engin dans le ciel. 
Pour la Fédération Professionnelle du Drone Civil (FPDC), qui regroupe notamment des constructeurs et opérateurs, l'incident de Roissy est "symptomatique d'une pratique des vols de drones de loisirs qui doit être, urgemment, mieux encadrée".

La FPDC réclame l'interdiction des drones puissants aux amateurs et la limitation des drones de loisirs à moins de 500 g, 50 m d'altitude et 100 m de distance, constatant que certains utilisateurs de drones de loisirs "sont, consciemment ou non, générateurs de risques".
- avec AFP -
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