Festival d'Avignon : une pièce sur Mohamed Merah crée la polémique

Une pièce de théâtre sur les dernières heures du jihadiste toulousain Mohamed Merah, dont la dernière représentation a eu lieu hier, mardi 11 juillet, dans la programmation off du festival d'Avignon, a suscité de vives réactions d'associations et de proches des victimes.

Une pièce de théâtre mettant en scène les dernières heures de Mohamed Merah a soulevé de nombreuses critiques de la part d'associations mais aussi de proches des victimes. La pièce intitulée "Moi, la mort je l'aime comme vous aimez la vie", a été écrite par l'auteur algérien Mohamed Kacimi à partir du verbatim des derniers échanges entre les policiers et le tueur retranché dans son appartement, avant qu'il ne soit abattu par le Raid.

Des avocats de proches de victimes de Mohamed Merah ont demandé au metteur en scène Yohan Manca et à l'auteur du texte Mohamed Kacimi l'annulation de la représentation, dans un courrier daté de mardi Mes Patrick Klugman, Ariel Goldman, Elie Korchia et Jacques Gauthier-Gaujoux déclarent : "Nous qui avons la responsabilité de porter la voix de ceux qui ont péri à Toulouse et Montauban et celle de leurs familles, nous considérons qu'une telle entreprise de réhabilitation dans le contexte que nous traversons sous couvert d'alibi culturel est une honte et un déshonneur. Nous vous demandons d'y renoncer".

Selon le théâtre avignonnais accueillant la pièce, qui n'a pas été annulée, celle-ci s'est déroulée mardi sans perturbations. De son côté Pascal Keiser, directeur de La Manufacture qui programmait la pièce a réagit : "C'est un beau spectacle, avec un texte pédagogique, que nous sommes fiers de défendre et qui pose bien la question des mécanismes de la radicalisation", rien n'excusera jamais le meurtre d'un enfant de trois ans, et la pièce le dit clairement, mais ne pas traiter ces questions au théâtre, c'est faire la politique de l'autruche"

Le BNVCA, le Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme "reçoit un très grand nombre de protestations émanant de citoyens scandalisés et indignés", a par ailleurs écrit le BNVCA dans un communiqué distinct, assurant avoir chargé son avocat, Me Charles Baccouche, de déposer plainte à Avignon pour "apologie contre le terrorisme et antisémitisme". "Aucune plainte n'a été déposée à ce stade, à ma connaissance", a toutefois déclaré le procureur de la République d'Avignon, Philippe Guémas, en milieu d'après-midi.

Latifa Ibn Ziaten, mère d'un militaire tué par Merah, a également réagit à la représentation de cette pièce de théâtre : "Montrer ça,... ça peut tenter ces jeunes, ça peut montrer que c'est un héros aujourd'hui, j'ai pas trouvé ça intelligent. Je suis pour la liberté de musique, de théâtre, la liberté, mais pas de cette manière-là".

Après le spectacle le metteur en scène Yohan Manca, qui joue également le rôle de Merah a de son côté déclaré : "Je me suis écroulé en larmes après la représentation, il y a eu beaucoup de pression, j'ai eu des menaces de mort. Et porter à la scène des paroles comme celles-ci, ce n'est pas facile", c'est très douloureux mais c'est du théâtre documentaire, politique. Il n'est jamais trop tôt pour parler de certains sujets, mais il est souvent trop tard.

Les 11 et 15 mars 2012, Mohamed Merah, 23 ans, a tué trois militaires par balle dans la rue, à Toulouse et Montauban, puis, le 19 mars, trois enfants et un enseignant dans un établissement scolaire juif de Toulouse, avant d'être tué le 22 mars par le Raid qui assiégeait son appartement depuis la veille.

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