Les causes de la fièvre charbonneuse qui a provoqué la mort de 54 bêtes et touché une douzaine de communes dans les Hautes-Alpes, sont à présent connues. Selon un rapport d'études, les conditions climatiques sont le seul facteur commun entre les 23 foyers identifiés.
La fièvre charbonneuse, appelée aussi maladie du charbon ou anthrax, qui a sévit dans les Hautes-Alpes ces derniers mois, a été due aux conditions climatiques, selon une étude épidémiologique réalisée fin juillet par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses).estime l'Anses. Cette bactérie responsable de la fièvre charbonneuse survit pendant de nombreuses années dansLe seul facteur commun entre les foyers identifiés réside dans les conditions climatiques très favorables à la remontée de spores de Bacillus anthracis
les terres où ont été enterrés par le passé des animaux morts du charbon ou porteur de la maladie.
Champs maudits
Les premières conclusions de son rapport commandé par le ministère de l'Agriculture et attendu pour la première quinzaine de septembre ont été publiées sur la plateforme d'épidémiosurveillance en santé animale (Plateforme ESA)."Cet épisode s'inscrit dans un schéma classique de réapparition de l'infection", ajoutent les experts chargés de déterminer l'origine de cette maladie transmissible à l'homme et potentiellement mortelle dans ses formes les plus rares.
Selon l'épidémiologiste Didier Calavas, coordinateur de la Plateforme ESA, un "enchaînement" de sécheresse prolongée et de fortes pluies depuis l'été 2017 a favorisé la remontée des spores responsables de la maladie, qui ont contaminé l'herbe transformant les sols en "champs maudits", comme ils sont surnommés.Aucun autre facteur commun n'a été mis en évidence susceptible d'expliquer l'ensemble
des foyers.
Autre contamination
Un deuxième mode de contamination a également été observé : "La distribution d'herbe fauchée durant l'été 2018 et donnée à des animaux qui était cette fois-ci dans les bâtiments, sans accès aux pâturages", a ajouté l'épidémiologiste.Deux plaintes contre X déposées
La topographie des lieux et la distance entre les foyers amène à penser qu'il "ne peut pas y avoir un point géographique unique à l'origine de l'ensemble des foyers observés", a estimé Didier Calavas.Deux plaintes contre X ont été déposées la semaine dernière par la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) et les Jeunes agriculteurs (JA) des Hautes-Alpes, selon le parquet de Gap.
Le monde agricole soupçonne d'importants travaux concernant une ligne haute tension du Réseau de transport d'électricité (RTE) et souhaite "connaître la vérité" sur la résurgence de la maladie.
assure Sandrine Hauser, secrétaire générale de la FDSEA 05.Des travaux ont été réalisés par RTE sur des parcelles dites infectées. Les premiers cas de bêtes mortes sont survenus en dessous des pylônes
"Le parquet recherche si les faits dénoncés sont susceptibles de caractériser les infractions pénales avant de poursuivre les investigations dans le cadre d'une éventuelle enquête préliminaire", a indiqué le procureur de la République de Gap, Raphaël Balland.