Des femmes de gendarmes montent au créneau pour dénoncer leurs conditions de vie à Laragne-Montéglin. Elles dépeignent un quotidien pollué par des problèmes électriques et des infiltrations dans un logement mis à la disposition des familles de militaires par l'OPH des Hautes-Alpes.
Elles ne sont pas tenues à une obligation de réserve et sont bien décidées à se faire entendre. Elles, ce sont des femmes de gendarmes qui dénoncent leurs conditions de logement dans la commune de Laragne-Montéglin, dans les Hautes-Alpes.
"Problèmes de chauffage", "porte d’entrée cassée", "infiltrations d’eau dans le salon et dans la chambre des enfants", "incendie au niveau du compteur électrique", Céline Collomb et Anne Vanden Neste, deux épouses de gendarmes, sont "à bout" face aux problèmes de leur petit immeuble du 4 Lotissement les Chênes.
Un "taudis", évoqué depuis des mois et connu de "la hiérarchie locale" selon le compte associatif Facebook GendXXI, qui recense de façon non officielle l'actualité liée au corps de la gendarmerie nationale. Installée depuis quatre ans avec son mari et ses deux enfants de 5 et 12 ans, dans cet immeuble géré par l'Office public de l'habitat des Hautes-Alpes (OPH 05), Céline Collomb se dit "désespérée".
"Depuis notre arrivée, nous rencontrons des problèmes. Nous avons fait quand même 3000 euros de travaux à nos frais au départ. Nous avons eu la semaine dernière un incendie au niveau de notre compteur électrique. Dès qu’il pleut nous avons une flaque dans notre salon ou la chambre d’un de nos enfants. La situation est devenue invivable".
Le bain du bébé dans une "eau jaune"
De son côté, Anne Vanden Neste vit avec son mari et leur bébé de 20 mois depuis septembre dernier à Laragne-Montéglin. Dans son logement, la femme de gendarme dépeint des conditions d'habitation tout aussi dégradées."Le tableau électrique n’est pas aux normes, nous avons des fissures dans le plafond, des champignons dans la salle de bain, un trou dans la serrure où l’air passe et donc nous mettons le chauffage à fond, la facture explose".
La mère de famille baigne également tous les soirs son bébé de 20 mois dans une "eau jaune", explique-t-elle photo à l'appui.
"Des prélèvements sont en cours d’analyse dans un laboratoire privé. Nous allons savoir dans quoi nous baignons notre enfant", ajoute-t-elle.
Malgré leurs alertes, leur situation ne bouge pas. "Nos maris ont essayé de faire remonter les choses à leur hiérarchie, à la mairie, à l’OPH 05 mais tout le monde se renvoie la balle. Pourtant ça fait 4 ans qu’on nous promet des travaux de réhabilitation, il y a le budget, l’architecte mais rien n’avance", selon Céline Collomb.
Aujourd’hui, nous voulons du concret. Soit il nous reloge à l’extérieur, soit il commence des travaux mais la situation actuelle ne peut plus durer.
Le financement du projet bouclé depuis fin 2017
De source proche de la municipalité, on indique que les élus suivent ce "dossier de près". Le financement du projet de restructuration de la gendarmerie porté par l’OPH 05 a d'ailleurs été bouclé depuis fin 2017, la mairie étant garante sur le budget.Une réunion entre les femmes de gendarmes et les élus de Laragne-Montéglin devait avoir lieu mardi 23 avril, pour enfin peut-être débloquer le projet de rénovation. Des travaux doivent être réaliser en septembre.
"Le maire nous a dit que des travaux seraient entrepris concernant l'électricité et le changement des canalisations. Il doit également recontacter l'OPH 05 ainsi que l'architecte qui doit rendre son rapport sur le projet de réhabilitation fin avril. Pour le moment, nous ne sommes pas plus avancés", selon Anne Vanden Neste.
De son côté, l’OPH 05 donne deux raisons à l’état d’avancement du projet de réhabilitation.
"Nous sommes soumis à la commande publique et chaque étape est faite en relation avec la gendarmerie départementale qui doit ensuite en référer à la gendarmerie nationale. Le délai administratif agrégé au délai d’appel d’offre rend chaque étape assez longue", indique Marie-Jeanne Pastor, directrice générale de l’OPH 05.
Au niveau de la gendarmerie Provence-Alpes-Côte d'Azur, elle est "persuadée de l’intérêt de cette opération ; pour autant, les délais désormais
nécessaires aux études puis aux travaux dépendent en grande partie du propriétaire de la caserne".