Condamnés en 2019 à six mois de prison ferme pour les opérations antimigrants menées au printemps 2018 près de Briançon, dans les Hautes-Alpes, trois membres du groupe d'extrême-droite ont été relaxés mercredi par la cour d'appel de Grenoble.
La cour d'appel de Grenoble a relaxé le groupe Génération identitaire et trois de ses cadres jugés pour avoir "exercé une activité dans des conditions créant la confusion avec une fonction publique".
En première instance en août 2019, Clément Gandelin (dit Galant), Romain Espino et Damien Lefèvre (dit Rieu) avaient été condamnés à six mois de prison ferme par le tribunal correctionnel de Gap. L'organisation d'extrême-droite avait écopé de 75.000 euros d'amende.
En audience d'appel en octobre 2020, de la prison avec sursis avait été requise, avec maintien de l'amende. Au printemps 2018, des militants de Génération identitaire vêtus de doudounes bleues ressemblant à celles de gendarmes avaient mené des partrouilles de nuit contre les migrants au col de l'Échelle près de Briançon, à la frontière franco-italienne. Ils avaient aussi déployé une chaîne humainesous la bannière "Defend Europe".
De la "propagande politique"
Dans son arrêt de relaxe, que l'AFP a pu consulter, la cour d'appel estime que cette chaîne humaine était une action "purement de propagande politique", "à visée médiatique" et "annoncée comme telle". Elle n'était donc pas selon la cour "de nature à créer une confusion dans l'esprit du public avec l'exercice des forces de l'ordre".
Quant aux patrouilles nocturnes, "quel que puisse être le regard porté sur de tels agissements, ceux-ci ne sont pas pour autant constitutifs d'actes répréhensibles", a fait valoir la cour. Elle relève en effet qu'"aucun membre des forces de l'ordre interrogé" pendant l'enquête "n'a indiqué que ces patrouilles avaient contrôlé, retenu ou empêché de passer les migrants repérés".
Ces derniers avaient été signalés par Génération identitaire à la police aux frontières (PAF) et parfois accompagnés jusqu'à ses locaux. "Aucun des migrants auditionnés n'avait indiqué avoir confondu ces individus avec les forces de l'ordre alors même qu'il s'agissait de personnes en détresse, affaiblies, maitrisant peu ou pas le français", ajoute la cour.
"Non je n’irais pas en prison pour avoir défendu les frontières de mon pays comme nos ancêtres l’ont fait avant nous ! Oui nous avons été persécutés judiciairement et diffamés depuis 8 ans", a réagi Damien Rieu sur Twitter ajoutant que " cette nouvelle victoire appelle celles de demain !".
Agnès Antoine, vice-présidente de l'association Tous Migrants est dite stupéfaite de cette relaxe "d'autant plus que certains de (ses) bénévoles ont été condamnés et d'autres sont poursuivis pour l'aide qu'ils apportent aux exilés".
"Un message de très mauvais augure"
Selon les avocats de l'association cette décision "potentialise le risque que des milices viennent imposer leur
loi à la frontière en violation des droits fondamentaux des personnes exilées". "Il s'agit d'un message de très mauvais augure pour tous ceux qui militent pour les droits fondamentaux, en plus de créer un deux poids deux mesures par rapport à la criminalisation des maraudeurs" (les militants venant à l'aide des plus démunis), écrivent Me William Bourdon et Vincent Brengarth.
Les deux avocats ont rappelé que les sept militants de Briançon condamnés après avoir participé à une manifestation en réaction à l'action de GI, étaient "toujours dans l'attente de leur procès en appel".