Pascal Baills, l'entraîneur de Montpellier, se remémore ses années marseillaises, avant de retrouver le Vélodrome mercredi, pour la rencontre Marseille-Montpellier en coupe de France.
Concurrence, pression, Tapie: Pascal Baills a vécu une saison sur une autre planète à Marseille, dont il garde malgré tout un "bon souvenir", avant d'y revenir mercredi comme entraîneur de Montpellier, en Coupe de France.
Marseille, un "bon souvenir"
"Cela reste un bon souvenir", assure l'ex-adjoint, qui n'a gagné qu'en Coupe de France, à Epernay (CFA2), depuis qu'il a succédé au démissionnaire Rolland Courbis, pour deux défaites en Ligue 1.Pourtant en 1991-1992, dans le grand OM, ténor européen, Baills n'a fait qu' "une vingtaine de matchs toutes compétitions confondues.
Malgré une élimination précoce en Coupe d'Europe face au Sparta Prague, ce fut une belle saison,
marquée par un titre de champion. J'ai côtoyé de grands joueurs et l'exigence du haut niveau".
Le défenseur latéral s'est immergé dans le monde bouillant du futur champion d'Europe en pleine hégémonie hexagonale sous l'autorité du président Bernard Tapie.
A 25 ans, il se sentait prêt pour effectuer le grand saut. Il venait de boucler sa quatrième saison en première division à Montpellier, qui vit sa première période glorieuse: montée en première division, victoire en Coupe de France (1990) et quart de finale en Coupe des Coupes perdu devant Manchester United.
"Tout dans l'excès"
"J'avais le choix entre le PSG, repris par Canal Plus, qui partait dans l'inconnu et l'OM qui était bien installé. Même aujourd'hui, je ferai le même choix", affirme Baills.Marseille digère alors son échec en finale de la Coupe des champions devant l'Etoile Rouge de Belgrade (0-0 a.p. 5 t.a.b. 3) avant de
retrouver l'appétit pour conquérir la seule Ligue des champions d'un club français à Munich face à l'AC Milan (1-0), en 1993.
Titulaire indiscutable à Montpellier, au côté de ses potes du centre de formation, Baills découvre un bien plus grand club.
"La différence tient à la concurrence, explique-t-il. Alors qu'elle n'existait pas à Montpellier, où j'avais l'habitude de faire 30 à 35 matches, elle est très relevée au côté de Angloma, Amoros, Di Meco..."
Il aurait "pu rester à Marseille, qui voulait me garder, j'ai préféré partir à Strasbourg pour pouvoir jouer", dit-il.
Comme aujourd'hui, où son collègue sur le banc marseillais, Michel, a obtenu un peu de répit dans les critiques avec une belle victoire à Caen (3-1), dimanche en L1, la tension est permanente à l'OM.
"Si on cherche la tranquillité, on ne signe pas à Marseille. Tout s'y passe dans l'excès"
raconte Baills.
"Le public peut se retourner"
Cette saison-là, "on perd seulement trois matches en championnat. Après notre défaite à domicile devant Toulon, on est sorti du stade à 3 heures du matin. Nous avions mangé au restau du stade. Quand on concédait une défaite, c'était une catastrophe, un peu comme Paris à l'heure actuelle", sourit-il.L'exigence est nourrie par le patron omniprésent et le public du Vélodrome.
"Quand Tapie mettait dix francs sur nous, il fallait que cela en rapporte onze. C'était du rendement, de la performance. Si tu n'étais pas performant, tu allais faire un tour et tu ne revoyais pas le jour. Il utilisait tous les leviers pour faire avancer le groupe"
rappelle-t-il.
Si Marseille n'est plus sur le toit de l'Europe, ni de la France, il conserve cette passion dévorante qui nourrit l'ambition ou la peur de perdre. L'équipe actuelle, qui n'a plus gagné depuis quatre mois en L1 au Vélodrome, l'apprend à ses dépens.
"Le public peut se retourner contre son équipe. C'est un levier sur lequel je peux m'appuyer" pour ce 16e de finale de Coupe de France. Mais le match le plus important se joue en championnat samedi face à Caen.
L'objectif reste le maintien, pour que Baills garde aussi un bon souvenir de sa première demi-saison comme entraîneur.