"Le secret dans l'arbre", l'histoire d'une renaissance à voir dans "Qui sommes-nous"

Un documentaire sensible signé Pierre Beccu qui aborde le secret de famille sans voyeurisme et sans rien éluder. Carole Mangold, co-auteur du film, y livre le récit de sa quête d'un père inconnu. A voir le 4 septembre après le Grand Soir 3. Dès maintenant, des extraits et un entretien.

Toutes les familles sont concernées par des secrets, plus ou moins tragiques, plus ou moins lourds à porter. A des degrés différents, les non-dits laissent des traces en chacun de nous.
 

Mais comment vit-on avec des charges qui ne nous appartiennent pas ? 

C. a 45 ans. Elle ne connaît pas son père. Sa mère et tous ceux qui l'ont entourée n'ont pas lâché la moindre information. Elle a cru qu'elle devrait vivre à jamais en cumulant le poids du secret et les culpabilités qui en découlent.

Avec Emmanuel Ratouis, guide de montagne et psychogénéalogiste, elle gravit des sommets, bravant sa peur de la chute comme si c'était la pierre angulaire de ce projet de réparation personnelle.

La symbolique de la haute montagne, dans toutes les traditions de la planète, ça parle du lieu du père.

 

C'est pour son fils de 13 ans auquel elle veut épargner cet héritage du non-dit qu'elle décide de se lancer ce défi, aussi douloureux soit-il. Avec ses proches de la même génération elle partage le poids d'un mensonge que personne jusqu'alors n'avait voulu questionner.


Pierre Beccu, réalisateur à la filmographie conséquente, co-créateur de la cinémathèque des pays de Savoie, a su trouver la justesse et la finesse que requiert le traitement d'un sujet aussi sensible, a fortiori lorsque l'auteur en est le personnage central. Le secret dans l'arbre est le récit de cette quête, à la fois douloureuse et libératrice.

Quelques questions à Carole Mangold


Pernette Zumthor : Lorsqu’on se lance dans une en“quête“ si personnelle, y va-t-il de sa propre survie ?
Carole Mangold : J'ai le sentiment que la survie c'est surtout avant. On se construit avec ce que l'on peut, avec des manques, des silences et des incertitudes. Puis quand on entame une quête intime comme celle-ci, on doit s'attendre à être bousculé. Les perceptions changent au fur et à mesure que des informations nous parviennent. On se confronte à la réalité, parfois moins exaltante qu'une histoire fantasmée. Cette quête est déstabilisante et il ne faut pas vouloir aller trop vite. En arrivant au bout de ce chemin, je me suis rendu compte que je ne cherchais plus la mise en danger. Durant toute cette quête personnelle, je n'ai pris aucun risque.

PZ : La psychogénéalogie est au cœur de votre film : quelles étapes vous y ont amenée ?
CM : Plusieurs types de psychothérapies m'ont amené à découvrir la psychogénéalogie.
Plusieurs techniques me font revenir sur les mêmes questions que je ne parviens pas à résoudre. Et, il y a environ 7 ans, un psychothérapeute me parle de répétitions dans ma famille, des répétitions sur des métiers exercés, des dates-clés et des similitudes sur des trajectoires de vie... Cela suscite ma curiosité, ces coincidences m'amusent et je me procure des ouvrages sur la psychogénéalogie. D'abord ceux d'Anne Ancelin Schutzenberger, puis il y a 4 ans les livres d'Emmanuel Ratouis.

PZ : Menez-vous cette enquête en temps réel sous l’objectif de la caméra ? Combien de temps a duré le tournage ?
CM : L'enquête est en temps réel. Tout se joue dans le temps du film. Rien n'est reconstitué ou rejoué ensuite.
Le tournage s'est réparti sur un an et nous l'avons prolongé pour correspondre à la réalité. Nous voulions tourner sur un an pour bénéficier d'ambiance et de lumière différente au fil des saisons. Les scènes finales ont été tournées alors que nous étions déjà en montage.

PZ : Au fil des informations recueillies, comment avez-vous pu « absorber » les émotions suscitées par vos rencontres ?
CM : Il est nécessaire de se donner du temps et de ne pas se mettre une pression trop forte. Les informations recueillies ont produit des réactions différentes mais jamais négatives. Le temps de la compréhension n'est pas celui de l'émotion. La plupart du temps, ces émotions créaient des sortes de mini-dépressions, de profondes tristesses, des sensations de vide. J'ai compris bien plus tard que chaque étape était essentielle et qu'il fallait vivre ces prises de conscience. C'était comme apprendre à marcher mais à la verticale, avec des cordes... Les premiers pas sont douloureux, on trébuche, on tombe... puis peu à peu on y arrive.

PZ : Votre fils a-t-il été partie prenante dès le début du tournage ?
CM : Il a tout suivi de loin. Il était au courant de chaque étape, de ceux que je rencontrais et de ce que je découvrais. Il n'a été sur aucun tournage sauf celui ou on le voit. Il a été présent lorsque j'ai reçu la photo de mon père. ce fut un moment très fort pour nous deux.

PZ : Votre film va-t-il déboucher sur d’autres tournages  liés aux secrets de famille ?
Ce que j'avais à faire sur mon histoire est terminée. Les membres de ma famille feront ou ne feront pas leur propre chemin. Etant libérée de mon côté, je souhaiterais néanmoins pouvoir écrire et développer d'autres projets liés aux secrets de familles, car la psychogénéalogie est une lecture et une approche possible, mais il en existe d'autres.
Diffusion lundi 4 septembre après le Grand Soir 3
Un film écrit par Carole Mangold et Pierre Beccu.
Réalisé par Pierre Beccu.
Coproduction France 3 Provence-Alpes-Côte d’Azur / Idée Originale / Y.N Productions.
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