Cette ancienne unité parachutiste de l’armée de terre française, créée en décembre 1942, va jouer un rôle décisif dans le cadre des manœuvres militaires pour libérer la Provence. Ces hommes se distingueront notamment lors de deux assauts les 18 et 21 août 1944.
Le 18 août 1944, trois jours après le début de l'opération Dragoon en Provence, Adolf Hitler ordonne à la 19e armée de se replier vers la vallée du Rhône. Sur la Nationale 7, les troupes de la Wehrmacht sont talonnées par les divisions américaines.
Mais le Führer n'abandonne pas la guerre en Provence et ordonne aux forces occupant les ports de Toulon et de Marseille de se battre jusqu'à leurs dernières cartouches. De son côté, le Général De Lattre, à la tête de l'armée tricolore, met le cap vers le port le mieux fortifié de France où 15 000 défenseurs du Reich se sont retranchés. Mais en chemin, en tentant de s'approcher d'Hyères, les forces alliées sont brutalement prises pour cible par l'artillerie ennemie.
Alors après l'exploit, dans la nuit du 14 au 15 août, pour s'emparer des batteries nazies du Cap Nègre, les commandos d'Afrique entrent une nouvelle fois en action et cette fois en plein jour !
"Des combats âpres pendant de nombreuses minutes"
Entre La Londe-les-Maures et Hyères, des tirs de l'artillerie ennemie proviennent du sommet des collines de Mauvanne. Cela oblige les unités américaines et françaises à stopper leur progression vers Toulon.
Alors, les commandos d'Afrique menés par le capitaine Ducourneau arrivent à la rescousse. Leur intervention sera exceptionnellement reconstituée cinq mois plus tard par le service cinématographique des armées. En janvier 1945, ces scènes, avec une unité de vrais commandos et la figuration de prisonniers allemands, sont réalisées sur les lieux des anciens combats.
Et c'est dans l'un de ces bunkers, où se trouvait l'artillerie allemande, qu'Yves Boyer, membre de l'Amicale des commandos d'Afrique perpétue le souvenir de ce second fait d'armes. "Les Américains, qui étaient montés sur la colline, leur ont signalé qu'ils voyaient le toit d'une batterie, détaille-t-il.
Et à ce moment-là, l'intrépide capitaine Ducourneau a décidé non pas de reconnaître, mais d'attaquer.
Yves Boyerdans le documentaire "Provence 44"
Ensuite, ce sont des combats âpres pendant de nombreuses minutes et le capitaine Ducourneau fait appel à la section de mortiers qui déverse tout ce qu'ils peuvent sur le blockhaus… et ils reçoivent l'ordre de monter à l'assaut, de venir les dégager…"
Un nouvel exploit au fort du mont Coudon
Le commando de Ducourneau n'est pas au bout de ses peines : sur la colline de Mauvanne, la Kriegsmarine a camouflé non pas un mais cinq blockhaus où se trouve une petite garnison de 150 soldats très déterminés. Les combats s'achèveront au corps à corps. En fin d'après-midi, le bilan est lourd : 50 tués et 100 prisonniers parmi les défenseurs du Reich et cinq victimes et plus de 30 blessés graves, soit les deux tiers des effectifs de Ducourneau.
"Mais c'est une victoire puisqu’à partir de là, on a pu ouvrir la voie pour la libération d'Hyères, affirme Yves Boyer. Et c'est là que l'orientation a changé puisque la troisième division américaine a été retirée et renvoyée vers la vallée du Rhône, alors que les troupes françaises, la première DFL notamment, ont été chargées de libérer Toulon."
Malgré les pertes dans leurs rangs, les commandos d'Afrique réussiront un nouvel exploit trois jours plus tard. Le 21 août, à la suite de combats acharnés, ils s'emparent du Fort du Mont Coudon, culminant à 702 m au-dessus de la rade de Toulon. La reconquête de ce site pour libérer le grand port militaire fut également reconstituée pour que l'action des commandos d'Afrique reste mémorable.