Le tribunal administratif de Nîmes a confirmé jeudi l'assignation à résidence d'un Avignonnais aveugle fiché S. Le jeune homme est suspecté d'être un "soutien logistique dans le milieu de l'islam radical".
Lorsque la police judiciaire a perquisitionné le domicile de David M. dans la nuit du 15 au 16 novembre, elle y a saisi "195 téléphones portables, 209 clés USB et de nombreuses méthodes destinées à l'apprentissage de langues étrangères". Et le jeune homme, un ressortissant arménien aveugle âgé de 21 ans qui habite un quartier populaire d'Avignon, a été interpellé.
"Il existe des raisons sérieuses de considérer David M. comme une menace pour la sécurité publique",
a déclaré le rapporteur public Philippe Peretti. sollicitant le rejet de la levée de la mesure administrative demandé par le jeune homme. Selon les informations des services de renseignements, reprises dans le mémoire du ministère de l'Intérieur, qui n'était pas représenté, David M,est soupçonné d'être un "soutien logistique dans le milieu de l'islam radical". Il a fait l'objet d'une fiche S, avait des contacts dès 2014 avec des individus en zone de combat.
David M. a été contrôlé le 22 octobre dans une commune proche de Molenbeeck en Belgique (ville considérée comme abritant des islamistes radicalisés, Ndlr), puis le 9 novembre au Pontet (Vaucluse) en possession de cinq téléphones portables. Il s'est rasé la barbe et le crâne le 13 novembre et avait prévu un voyage au Maroc à partir du 16 novembre, selon le document.
"Erreur manifeste d'appréciation"
Des arguments balayés par son avocat, Me Farid Faryssy, qui contestait la légalité de l'assignation à résidence de son client et qui estime que "la décision du ministre est entachée d'une erreur manifeste d'appréciation et entraîne des conséquences d'une exceptionnelle gravité au vu de sa situation personnelle et de sa cécité". David.M devait notamment pointer trois fois par jour au commissariat d'Avignon, mesure qui a depuis été ramenée à une seule fois."Depuis le début, on sait qu'il n'y a pas d'histoire de terrorisme et qu'il n'y a aucun lien avec l'islam radical", a plaidé Me Faryssy, qui a associé la grande quantité de téléphones de son client à "la collection, le trouble obsessionnel du comportement", ajoutant qu'il possédait également de très nombreux livres audio de la littérature française. "Le ministère n'a pas su comprendre ce dossier. C'est disproportionné et ce n'est pas conforme à l'esprit de la loi et à l'esprit de nos droits républicains", a-t-il regretté.