C'est une jauge, un choix, mais certainement pas un acte de rébellion. La ville de Cavaillon possède trois cinémas, tous gérés par le même homme. La fédération nationale du cinéma donne le choix pour s'adapter au pass sanitaire, il n'a pas vraiment hésité. Tout le monde est le bienvenu chez lui.
Tout commence avec cette "information importante" des cinémas de Cavaillon, diffusée quelques jours après les annonces du chef de l'Etat le 12 juillet :
"Suite aux dernière annonces gouvernementales, à partir du mercredi 21 juillet, dans les cinémas de Cavaillon, nous allons appliquer une jauge de 50 spectateurs par salle. Ainsi, il ne sera pas nécessaire de présenter un quelconque justificatif pour continuer à venir dans nos salles.
A très bientôt, à La Cigale, au Fémina et au Paradiso."
Eric Tellène gère les trois cinémas de la ville de Cavaillon. Lorsqu'il apprend la mise en place du pass sanitaire, il se tourne vers la fédération nationale du cinéma français.
Deux choix s'offrent à lui : accueillir des personnes munies du pass sanitaire ou accueillir tout le monde avec une jauge de 49 personnes par salle (et non 50 comme écrit ci-dessus.) Lorsqu'il poste ce message sur la page FB des cinémas, il reçoit près de 700 commentaires et reconnaît que "c'est ahurissant".
Le temps est compté pour s'organiser, après quelques heures d'échanges et de réflexion, il choisit la deuxième option. "Il ne s'agit pas d'un engagement politique, pour ou contre. 8 jours, c'est trop court, je ne peux pas concevoir qu'on oblige les gens à se faire vacciner en si peu de temps", constate le gérant.
On reste solidaire, tant pis si on fait moins d'entrées.
Consignes et débrouille
En fait, lorsqu'il a 20 personnes par salle, Eric Tellène s'estime déjà heureux. Le problème va se poser pour la sortie de certains films comme "Kaamelott-premier volet". Non dénué de ressources, le professionnel va multiplier les séances : 14 h, 16 h, 18 h, 20 h et pourquoi pas 22h30 ?
Depuis une semaine, les cinéphiles affluent pour voir un dernier film avant le 21 juillet, jour d'application des nouvelles mesures sanitaires.
"95% de mes clients m'ont dit qu'ils ne viendraient plus", explique le gérant qui fait donc en sorte qu'ils changent d'avis. Même certains lointains Marseillais lui ont annoncé qu'ils viendraient dans ses salles.
Depuis le début de la crise, les cinémas ont beaucoup souffert. Eric Tellène a eu l'audace d'ouvrir son troisième cinéma "le Paradiso" le 19 mai. En fait, les travaux étaient prévus avant l'arrivée du Covid.
Trois cinémas dans une ville de 27.000 habitants, c'est remarquable. Une raison de plus pour ne pas perdre toute l'énergie mobilisée pour surmonter les confinements dans cette nouvelle étape.