On les appelle "les croqueurs de feux", ces pompiers dessinent les bâtiments en train de brûler

Lorsqu'ils arrivent sur un feu, ces pompiers ont 20 minutes maximum pour faire un dessin. Où sont les accès de l'habitation, les dangers, l'escalier, qu'est-ce qui brûle, comment se présente le toit ? Ils sont dessinateurs opérationnels, dans le Vaucluse.

Le feu, ils connaissent, ils sont tous sapeurs-pompiers. En janvier dernier, douze pompiers du Vaucluse ont suivi une formation, ils sont désormais "dessinateurs opérationnels". Une spécialité souvent pratiquée en binôme avec un télépilote de drone. Ensemble, ils dessinent les habitations ou les feux industriels, jamais les feux de forêt. Ils dessinent ce qu'on ne peut pas voir à l'œil nu.

"Plutôt que des mots, il faut parfois un bon dessin" nous dit le capitaine Alexandre Gauthier qui supervise l'équipe de dessinateurs opérationnels du Vaucluse. Voici donc un exemple de bon dessin, réalisé après l'intervention.

À gauche, nous voyons les différents engins en intervention, un habitant réfugié sur le toit, la fumée. À droite, les croquis sont bien plus techniques. L'immeuble est composé de deux étages, plus la toiture, le feu est au premier. La distribution de l'appartement en feu et de chaque étage est détaillée : escaliers, ouvertures, façade A, façade C, propagation des fumées. L'origine du feu porte la couleur orange, seule couleur du croquis. 

Ils n'entrent pas dans les fumées et travaillent en équipe

Le dessinateur opérationnel travaille sous les ordres du Commandant des Opérations de Secours (le COS), qui dirige l'intervention. "Il demande les points d'entrée, la structure du bâtiment, le découpage du toit, les caves... Les dessins s'enchaînent, montrent ce qui est caché." Le dessinateur suggère "Vu la structure du bâtiment, il serait intéressant d'entrer par là" ou corrige "la cloison n'est pas là, la cuisine est dans ce sens." 

Quand le dessinateur est seul, il utilise Google Earth dès son arrivée pour comprendre la structure du bâtiment et du toit. Le travail devient bien plus précis lorsque l'opérateur de drone le rejoint. "Le drone apporte la troisième dimension", résume Eric Barteau, pompier et télépilote de drone.

"Le dessinateur demande une vue plutôt verticale ou horizontale, plus à l'est, plus au nord... Les pompiers coupent les fluides (eau, électricité, gaz), le drone peut entrer à l'intérieur d'un bâtiment en feu avec un équipement spécial pour les hélices en plastique. La condition, c'est que la température n'excède pas 50 degrés", décrit l'expert Eric Barteau. Les images précieuses défilent en direct.

Un pompier parisien est à l'origine de cette technique

René Dosne était architecte et pompier de Paris. Après avoir dessiné un grand nombre de camions de pompiers dans sa jeunesse, il invente la spécialité de dessinateur opérationnel. Son premier dessin date de 1964. "Il y a quelque chose qu’on comprend mieux quand on le voit du dessus. Nous, on voit les choses d'en bas", dit-il dans une interview réalisée par le ministère de l'Intérieur et des Outre-mer. 

L'incendie de Notre-Dame de Paris, le 15 avril 2019, va éveiller l'intérêt pour cette pratique. "En effet, c’est un tour du feu du dessinateur qui a permis de comprendre que l’incendie partait dans la tour nord", relate René Dosne. Ce type de dessin est devenu un outil d’aide à la décision dans les prises d’otage, les attentats, ou encore les explosions. Un papier, des crayons et une bonne expertise. 

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