Auschwitz: un voyage entre devoir de mémoire et recueillement pour des jeunes Normands

Le 27 janvier prochain,  on commémorera le 72 ème  anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz-Birkenau en Pologne. Le plus grand camp d'extermination nazi. Comme tous les ans, le mémorial de la Shoah et le conseil régional de Normandie organisaient un voyage d'étude à Auschwitz. 

Regarder avec ses yeux, exit le filtre du smartphone, ouvrir sa conscience. Simplement. C'est l'objectif des déplacements organisés régulièrement  à Auschwitz à destination de lycéens normands. Le maître-mot, c'est celui de la pédagogie.

Qu'est ce que la Shoah ou encore avoir à l'esprit que ça pourrait toucher un autre groupe d'hommes, aujourd'hui... Mais aussi  appréhender le français et l'histoire autrement, éveiller sa conscience à ce qui fait de nous des hommes et pas des bêtes.

Cette année, c'est une classe du Centre Interprofessionnel de Formation de l'Artisanat du Calvados ( Cifac) qui participait à ce déplacement . Des élèves de brevet professionnel boulanger que nous avons suivis avant et pendant cette journée en Pologne. 

Le magazine du Samedi ( T.Cléon/G.Le Gouic) 


Sur les traces de Julius, Irma et Kurt Kramer

Les élèves du Cifac ont travaillé sur un projet, l'histoire d'une famille exterminée à Auschwitz. Les Kramer. Le père Julius, la mère Irma, le fils Kurt. Déportés à Auschwitz en juillet 42, ils avaient trouvé refuge dans un manoir du Mesnil Eudes près de Lisieux. Ils ont été exterminés. 

Une très intéressante étude de Thierry Marchand, apporte de nombreux et précieux éléments sur l’histoire de Jules Kraemer ( voir notre encadré) et de sa famille. Elle est publiée par la Société historique de Lisieux, sous le titre « Histoire d’une famille allemande exilée en Pays d’Auge ». La famille Kraemer, chronique d’une persécution et d’une aryanisation économique dans le Pays d’Auge pendant les « Années noires ». 


Selfie et holocauste 


La pédagogie est au coeur de ces déplacements à destination de la jeunesse. Dans notre magazine, palpable, l'émotion mais aussi la prise de conscience de ces apprentis boulangers normands. " Je suis bien couverte, j'ai plusieurs couches de vêtements sur moi et on arrive à avoir froid"  ou encore " Le voir, c'est pas la même chose que sur des photos".  Une démarche pédagogique qui fait écho au travail d'interpellation des consciences de l'artiste Shahak Shapira " Yolocaust" . Cet artiste israélien vivant en Allemagne tourne en dérision les visiteurs d'un autre lieu de mémoire ( le mémorial de la Shoah de Berlin) qui se prennent en photo hilares ou dans des poses indécentes.

Sur le site internet, on peut voir une galerie de ces clichés postés, selon l'artiste, sur les réseaux sociaux : une jeune fille faisant du yoga, une autre prenant une pose langoureuse ou un homme jonglant au milieu des imposantes dalles grises érigées à la mémoire des plus de six millions de Juifs assassinés pendant la deuxième guerre mondiale. Lorsque l'on passe sa souris sur ces images, le fond change pour laisser apparaître des photos prises dans les camps d'extermination. Résultat : les héros des clichés se retrouvent en train de piétiner des piles de cadavres ou devant des déportés décharnés.



Les élèves que notre équipe a suivis à Auschwitz restitueront leur séjour en Pologne sous la forme d'une exposition en mars au CIFAC et un exposé en mai au mémorial de Caen.
Julius Kramer matricule 46289


Jules Kraemer (Julius Krämer) est né le 18 février 1897 à Nieder-Weisell, en Allemagne.

Il fait partie de ces réfugiés, antinazis et Juifs, réfugiés en France.

En 1926 il est marchand de bétail dans en Hesse, Bas Weisel, Bahnhofstrasse 7. Il fuit son village avec sa femme Irma et son fils Kurt (né à Nieder-Weisell le 3 septembre 1926), à la suite d'un progrom des S.A. en 1938.

Ils habitent Le Mesnil-Eudes, au sud de Lisieux (Calvados), au moment de son arrestation. Jules Kraemer se déclare cultivateur.
La famille Kraemer a été fichée par la préfecture du Calvados, à la demande des autorités allemandes en 1940 (ordonnance du 27 septembre 1940 - Commissariat Général aux Questions Juives, état des personnes de race israélite).

Le 1er mai 1942, Jules Kraemer est arrêté à Lisieux, comme otage juif : il figure sur la liste de 120 otages « communistes et Juifs » établie par les autorités allemandes.

Son arrestation a lieu en représailles au déraillement de deux trains de permissionnaires allemands à Moult-Argences (38 morts et 41 blessés parmi les permissionnaires de la Marine allemande à la suite des sabotages par la Résistance, les 16 et 30 avril 1942, de la voie ferrée Maastricht-Cherbourg où circulaient deux trains militaires allemands. Des dizaines d’arrestations sont effectuées à la demande des occupants. Pour lire « le double déraillement de Moult-Argences et les otages du Calvados », cliquer sur « Article » dans « Rubriques » du blog.http://politique-auschwitz.blogspot.fr/2010/05/kraemer-julius-ou-kramer.html



Jules Kraemer est incarcéré le 2 mai à la prison centrale de Beaulieu (La Maladrerie) à Caen. Le 4 mai, remis aux autorités d'occupation, il est enfermé au “petit lycée” où sont rassemblés les otages qui viennent de tout le Calvados. On leur annonce qu’ils seront fusillés. 80 d’entre eux seront déportés. Julius Krämer fait partie du groupe de détenus transféré le 4 mai au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise).Jules Kraemer est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 ». Ce convoi d’otages composé, pour l’essentiel, d’un millier de communistes (responsables politiques du parti et syndicalistes de la CGT) et d’une cinquantaine d’otages juifs (1170 hommes au moment de leur enregistrement à Auschwitz) faisait partie des mesures de représailles allemandes destinées à combattre, en France, les « judéo-bolcheviks » responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.

Le 8 juillet 1942, il est enregistré à Auschwitz sous le numéro 46289.Jules Kraemer meurt à Auschwitz le 7 août 1942, d’après le certificat de décès établi au camp d’Auschwitz (in Death Books from Auschwitz Tome 2 page 636 et © Mémorial et Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau).


Sa femme et son fils sont arrêtés en juillet 1942 et incarcérés au camp de Pithiviers. Déportés à Auschwitz dans un autre convoi, ils y décèderont. Kurt est mort le 19 octobre 1942.

Source:  http://politique-auschwitz.blogspot.fr/2010/05/kraemer-julius-ou-kramer.html
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