Si n'hè andatu Hervé Denyons, giurnalistu è furmadore principale di u Diploma Universtariu Giurnalismu è Cursufunia. Direttore aghjuntu di l'ESJ, ghjè ellu chì hà ammaestratu u diploma chì hà furmatu a nova generazione di giurnalisti cursofoni.

Il est des rencontres qui peuvent s'avérer déterminantes sur le cours de notre existence.

Cette phrase d'accroche, Hervé l'aurait sûrement bannie. Il aurait raillé pendant des jours ce manque d'originalité. Mais au moment d'évoquer la personnalité de celui qui est parti, il sera difficile de respecter la sobriété qu'il nous imposait. Hervé Denyons s'en est allé sans avoir eu le temps de nous apprendre à rédiger une nécro sans tomber dans le pathos. Je l'imagine bien nous lancer ce défi un jour de cours à Corte, un lendemain de bringue, a risa in bocca. Sans ses conseils, l'exercice sera bien difficile. Surtout pour parler de celui qui fut pour moi, pour nous, bien plus qu'un simple formateur.

Comment trouver un angle - son obsession - pour décrire l'homme et son importance dans nos jeunes vies. Me voyant gribouiller péniblement cette succession de clichés, il m'aurait sûrement lancé: "Va à l'essentiel !".  Mais aller à l'essentiel, ça veut dire résumer. Alors qu'Hervé était tellement de choses à la fois: un journaliste, un pédagogue, un ami, un mentor. Un homme pudique, généreux, bienveillant, psychologue, drôle.

Là encore, je l'entends presque me reprocher ces deux énumérations successives. Les mots pour parler de lui, il en faudrait des centaines. Et là, ils me manquent. "Ne te prends pas la tête avec toutes ces conneries, fais ce que tu sais faire !"

Ne te prends pas la tête avec toutes ces conneries, fais ce que tu sais faire !

Balayant le conventionnel, il m'aurait sûrement demandé de mettre de l'humour dans mon papier. Impossible pour moi au moment d'évoquer sa disparition. Dans l'humour aussi il excellait. L'œil vif, malicieux, il était le premier à rire pendant nos heures de cours. Il aimait plaisanter d'une énième défaite du Sporting ou des récentes frasques des politiques insulaires. Qu'importe le sujet, Hervé savait toujours trouver un bon mot. Scherzosu, comme on dit dans cette langue qu'il se plaisait à imiter. Drôle comme un bon copain, vigilant comme un grand frère.

Au cours des quatre dernières années, Hervé nous a aiguillé et transmis cette passion du journalisme. Indulgent face à notre paresse. Il fut pour nous tous un soutien sincère, de tous les instants. Il pouvait passer des heures à nous écouter nous plaindre de nos rédactions respectives ou à visionner nos médiocres reportages de débutants. Disponible, Hervé l'était toujours.

Hervé nous a aiguillé et transmis cette passion du journalisme


En parfait journaliste, il savait trouver les mots pour nous rassurer. Jamais il ne nous a reproché de le déranger pour des futilités, pour des questions existentielles d'enfants gâtés. Lui avait pourtant eu à affronter de vraies blessures qu'il gardait secrètes, par pudeur. Derrière ce voile, se cachait un homme sensible et passionné. Un bon vivant, un épicurien, un voyageur infatigable. On le voyait parfois un brin rêveur en regardant les bateaux amarrés dans le port de plaisance de l'Amirauté.

S'il n'en était pas natif, Hervé était amoureux de cette île dont il avait foulé le sol pour la première fois à l'âge de 16 ans - hasard du calendrier - au moment des événements d'Aleria. La question Corse, lui, il l'avait comprise comme il comprenait beaucoup d'autres choses.

Son départ laissera un grand vide pour sa famille et pour les dizaines de journalistes qu'il a formés. Dorénavant, avec qui partagerons-nous nos déceptions, nos doutes, mais surtout nos réussites professionnelles ?

Même si j'avais pu - et j'aurais tellement aimé pouvoir - je ne lui aurais certainement pas fait lire ma première nécro. Beaucoup trop bavarde, m'auriez-vous dit Hervé. Après l'accroche manquée, j'espère maintenant ne pas foirer ma chute. Merci de m'avoir encore écouté Hervé, toi que je venais à peine d'apprendre à tutoyer.

Vous pour l'admiration, tu pour l'amitié.
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