Le Premier ministre, Édouard Philippe a défendu vendredi à Nantes devant les élus des intercommunalités les 13 milliards d'économies réclamées par le gouvernement aux collectivités locales assumant des "choix difficiles" tout en promettant une "relation contractuelle plus intelligente"
Dans la matinée le Premier ministre a développé les choix du gouvernement devant les élus des intercommunalités à la Cité des congrès de Nantes.
J'assume de devoir faire parfois des choix difficiles. (...) C'est indispensable si on veut réussir cette transformation de l'action publique
A lancé le Premier ministre aux élus de 922 intercommunalités réunis en convention, qu'il a voulu rassurer sur certains sujets sensibles comme les finances locales, qui crispent de nombreux élus.
"L'effort qui est demandé aux collectivités territoriales, cet effort à 13 milliards, c'est un effort qui est important, qui représente, sur les 80 milliards d'euros d'économies que nous voulons réaliser sur la mandature, un sixième de l'effort. Mais c'est moins que la part des dépenses publiques des collectivités territoriales dans l'ensemble de la dépense publique", a souligné Édouard Philippe.
Notre objectif, c'est de faire en sorte que sur l'ensemble du quinquennat l'augmentation de la dépense publique locale soit maîtrisée et qu'elle soit, c'est vrai, inférieure à ce qui se passerait si nous ne faisions pas des efforts d'économies,
a-t-il poursuivi, à l'occasion de la 28e Convention nationale de l'Assemblée des communautés de France (AdCF).
Concrètement, le gouvernement souhaite "discuter avec (les collectivités) qui représentent à elles seules près de deux tiers de la dépense publique locale", a expliqué le Premier ministre.
319 collectivités "seront assujetties à ce mécanisme contractuel de maîtrise" de leurs dépenses, dont probablement "72 intercommunalités de plus de 150.000 habitants", a-t-il détaillé.
"La question, c'est d'essayer de définir ensemble un rythme de progression de la dépense globale et de faire en sorte que ceux qui s'y tiennent puissent voir leurs dotations garanties et que ceux qui ne s'y tiennent pas, on puisse en tirer les conséquences", a affirmé Édouard Philippe.
Les autres collectivités "conserverons la DGF (dotation globale de fonctionnement, ndlr)", a-t-il assuré. La réduire aurait été "d'une très grande simplicité. Ce que nous voulons faire est plus compliqué, assumons-le, c'est aussi plus intelligent. Nous allons essayer d'avoir une relation contractuelle plus intelligente entreles intercommunalités, les grandes collectivités, les collectivités en général et l'État", a-t-il promis.
Philippe et Belloubet défendent leurs réformes judiciaires face aux magistrats
Le Premier ministre Edouard Philippe et la garde des Sceaux Nicole Belloubet ont défendu vendredi au Palais de justice de Nantes leurs "chantiersde la justice", qu'ils veulent d'abord "pragmatiques", et qui ont reçu un accueil très réservé des syndicats de magistrats.
Le chef du gouvernement a souligné qu'il ne promettait pas le "grand soir judiciaire", tandis que la ministre a affiché une "ambition de pragmatisme, de concertation, et de rapidité."
Le but est de faire adopter "l'été prochain" des réformes, liées à une loi de programmation de la justice courant jusqu'en 2022, a précisé Edouard Philippe.
Il a été interpellé lors d'une table ronde par Véronique Rouillon, vice-présidenteau tribunal de grande instance de Nantes, sur les manques de moyens de la juridiction. "Une personne qui nous saisit pour un droit de visite et d'hébergement de ses enfants devra attendre 17 mois pour voir le juge", a souligné la magistrate. La garde des Sceaux a répondu en mettant en avant l'augmentation de 3,9% l'an prochain du budget de la justice. Jeudi, Nicole Belloubet avait présenté aux magistrats et aux avocats les cinq "chantiers" sur lesquels des personnalités qualifiées vont plancher jusqu'au 15 janvier: transformation numérique, procédure civile, procédure pénale, efficacité des peines, et organisation territoriale des juridictions.
Les syndicats de magistrats ont accueilli avec fraîcheur les pistes de la ministre,le premier d'entre eux, l'Union syndicale des magistrats (USM), parlant d'une "concertation de façade".