Lundi dernier, le ministre de l'agriculture, Stéphane Le Foll, a annoncé son intention de rédiger un décret pour interdire l'épandage de produits phytosanitaires (pesticides) en journée. Un décret, qui en cours de rédaction, devrait modifier les pratiques agricoles.
Les abeilles sont en danger ! Ce cri d'alarme n'est pas poussé seulement par les apiculteurs. En début de semaine, le ministre de l'agriculture Stéphane Le Foll a annoncé son intention de rédiger un décret pour interdire l'épandage de produits phytosanitaires ( autrement dit les pesticides) pendant la journée.
"Une étude qui a été rendue de l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire) sur les épandages de pesticides conclut de manière claire que les abeilles sont sensibles à la lumière, il va falloir qu'on modifie les pratiques d'épandage vers des épandages le soir", a expliqué le ministre, lors d'un point d'étape de son plan (2013-2015) pour une apiculture durable.
Selon lui, l'Anses a conclu que "la luminosité est ce qui fait sortir les abeilles et tout ce qui est épandage du matin a des conséquences importantes" car il "laisse des traces de pesticides dans l'eau, dans la rosée" qui peuvent perturber ces insectes.
Un arrêté est attendu d'ici 3 à 4 mois
Un arrêté inter-ministériel d'interdiction des épandages en journée est en cours de rédaction et devrait être publié au Journal Officiel d'ici trois à quatre mois, estime Stéphane Le Foll.
Aujourd'hui, il est déjà interdit d'épandre le matin avec tous les produits chimiques comportant la mention "Abeille" mais de nombreux agriculteurs obtiennent des dérogations.
"Il faut que chacun ait conscience qu'il faut faire des efforts" et "il s'agit d'assurer la production agricole, et en même temps d'assurer la pollinisation et la production de miel", a-t-il insisté, sachant que 80% des plantes à fleurs sont pollinisées par les insectes.
Ce décret devrait modifier les pratiques agricoles. Alors comment les principaux intéressés réagissent ils ?
Reportage d'Elsa Cadier, Didier Albrand et Laëtitia Di Bin
En 2013, la production de miel en France a encore chuté
Pour l'Union nationale des apiculteurs français (Unaf), il s'agit d'"une bonne décision". Mais "il convient maintenant d'aller plus loin dans ce processus de révision de la mention abeille : elle doit cesser d'être délivrée à des produits très toxiques pour les pollinisateurs et l'arrêté du 28 novembre 2003 doit être étendu aux traitements fongicides et herbicides, qui sont eux aussi, préjudiciables pour nos abeilles".
Stéphane Le Foll a également dressé un premier état des lieux de son plan pour une apiculture durable visant à relancer la production de miel en France alors que plus de 50% du miel consommé par les Français est importé.
Plus d'un an après son lancement, près de 8 millions d'euros, sur les 40 millions promis, ont été consommés. Et sur les 117 actions prévues initialement, deux tiers ont été entreprises et un quart ont abouti.
Le ministre souhaite "clarifier les choses sur les origines du miel" avec un étiquetage "miel de France" réservé aux miels provenant d'abeilles vivant et butinant sur le territoire français.
En revanche, Stéphane Le Foll a exclu d'étendre le moratoire européen à d'autres molécules comme le demandent les apiculteurs. Cette interdiction pour deux ans porte seulement sur trois pesticides néonicotinoïdes jugés responsables en partie de l'importante mortalité des abeilles.
En 2013, la production de miel en France a encore chuté à 15.000 tonnes, soit moitié moins qu'en 1995, pour un nombre de ruches presque équivalent, selon l'Unaf qui met en avant les conditions climatiques (froid, pluie) et les "problèmes d'intoxications" des colonies.