Quand on fédère des associations qui font à la fois de la sensibilisation à la protection de l'environnement et qui jouent le rôle d'alerte, on s'expose à un risque: que le robinet des subventions se tarit. C'est l'amer constat de la Fédération Rhône-Alpes de Protection de l'Environnement.
"L'indépendance a un prix, chacun d'entre nous le sait. La FRAPNA la paye au prix fort", note le président de cette fédération Eric Feraille. Selon lui, en Rhône-Alpes, les élus ont de plus en plus tendance à réduire leur soutien aux environnementalistes qui dénoncent. Et les exemples sont nombreux.
Dans l'Ain, pour avoir dénoncé des travaux réalisés sans autorisation sur le site classé du Fort de l'Ecluse, la FRAPNA pense avoir été "punie" par la Communauté de Communes du Pays de Gex, qui n'a pas renouvelé un partenariat de longue date pour des animations nature dans les écoles primaires.
En Savoie, la fédération s'est vue supprimer "l'aide modique mais régulière du Conseil Général de Savoie", en raison de son action contre le port illégal de Portou sur le lac du Bourget et de son engagement pour préserver le lac d'Aiguebelette de dégradations liées à l'organisation des Championnats du monde d'aviron.
Plus retentissant encore, dans un département à gauche où la majorité de la ville capitale est écologiste, la FRAPNA Isère dit avoir subi "les foudres de certains élus pour avoir empêché l'extension illégale du domaine skiable du Collet d'Allevard". Elle se voit désormais réduire les vivres par le Conseil Général de l'Isère, qui n'a pas accepté la contestation autour du projet Center Parcs "qui va détruire des dizaines d'hectares des précieuses zones humides des Chambaran", répète l'association. Une nouvelle convention va bien être signée entre les deux partenaires, mais l'aide financière n'atteindra sûrement pas les 193.000 euros habituels. Le président PS du Conseil général évoque, lui, de violentes menaces de la part des environnementalistes.
Reportage Aurélie Massait et Vincent Habran
La FRAPNA Haute-Savoie explique, elle, avoir subi "des pressions" à cause de son positionnement contre l'éradication des bouquetins du Bargy.
Et le président régional de la FRAPNA conclut: "Le partenariat n'implique pas la soumission et encore moins la prostitution des associations! Certains élus ne semblent pas avoir bien assimilé cette notion d'indépendance fondamentale. Jamais nous ne cèderons au minable chantage aux subventions que certains voudraient nous imposer".