Partie de la mosquée de Bordeaux, ce cortège contre le fanatisme a traversé le centre-ville pour s'arrêter devant la mairie. Chrétiens, musulmans, juifs, bouddhistes, des personnes de toutes obédiences ont marché ensemble contre la barbarie et pour le respect des valeurs républicaines.
Les marcheurs chantent la Marseilleise #JeSuisCharlie pic.twitter.com/GQyuZB2n4y
— France Bleu Gironde (@Bleu_Gironde) 9 Janvier 2015
Plus d'un millier de personnes, emmenées par des représentants des confessions musulmane, chrétienne, juive, dont le grand rabbin de France, ont défilé côte à côte vendredi à Bordeaux pour une marche oecuménique inédite en France ces derniers jours.
Elles ont fait le voeu d'un "combat quotidien" contre toutes formes d'extrémisme.
"Tous unis contre le fanatisme"
Derrière cette longue banderole portée par des jeunes garçons et filles manifestement d'origines et de religion diverses, dont quelques musulmanes coiffées d'un foulard, les marcheurs sont partis de la mosquée de Bordeaux, dans le quartier populaire de Saint-Michel.
En première ligne, derrière les porteurs de banderoles, sous le crachin, l'ancien Premier ministre et maire de Bordeaux Alain Juppé défilait, l'air solennel.
A ses côtés, le grand rabbin de France Haïm Korsia, l'imam de Bordeaux Tareq Oubrou, l'archevêque de Bordeaux Jean-Pierre Ricard, le président du CRIF Bordeaux Albert Roche, le pasteur bordelais de l'église protestante unie de France Valérie Mali, et la déléguée régionale de l'Union bouddhiste de France Françoise Cartau.
Dans le coeur du cortège silencieux, plusieurs anonymes brandissaient au-dessus de leur têtes de petits affichettes avec ces mots devenus le mantra des derniers jours "Je suis Charlie".
D'autres brandissaient des crayons, d'autres encore la célèbre une de Charlie Hebdo en 2006, représentant Mahomet se prenant la tête dans les mains et s'exclamant: "C'est dur d'être aimé par des cons."
La marche a observé une pause devant tous les lieux de culte situés sur son itinéraire : la synagogue, le temple protestant, la cathédrale Saint-André, pour arriver finalement à l'Hôtel de Ville, dont la foule a envahi la cour pavée, avant de s'y serrer pour un dernier moment de recueillement.
Valeurs communes
Un à un, les représentants religieux se sont succédé pour lire un extrait d'une déclaration commune, dans laquelle ils ont affirmé leur attachement aux principes de liberté, d'égalité, de fraternité et de laïcité.
"Nous rappelons la place des valeurs fondamentales de la République dans notre foi et nos convictions religieuses"
"Ce combat quotidien contre toutes formes d'extrémisme et de terrorisme, nous devons tous le mener dans un esprit d'union nationale autour de nos valeurs communes.
Nous nous mobilisons pour faire barrage à toute forme de fanatisme perpétré en se réclamant d'une religion. Soucieux de maintenir un climat de paix de dialogue et de cohésion, nous lançons un appel au refus des amalgames", ont-ils ajouté.
"Les moments difficiles, il faut les partager dans des moments de fraternité. Le seul message, c'est l'unité de la Nation et la fraternité", a déclaré le grand rabbin de France, Haïm Korsia.
Répondant en marge à des journalistes, Alain Juppé a jugé qu'il était "important, face au défi lancé aux valeurs de la République, que nous nous retrouvions tous ici. Il est important que nous exprimions cette volonté d'unité au-delà de toutes nos différences. Ca ne va pas être simple, nous sommes engagés dans un vrai combat pour nos idées de liberté, de tolérance et de respect mutuel".
La marche était organisée par Bordeaux Partage, un conseil informel instauré il y a quelques années par le maire de Bordeaux pour favoriser le dialogue interreligieux, et qui rassemble les responsables des grandes religions et spiritualités de Bordeaux.
A la fin du discours vendredi dans la Cour de l'Hôtel de ville, une minute de recueillement, suivie de longs applaudissements, puis une Marseillaise retenue mais vibrante ont ponctué le rassemblement.