Ce vendredi 30 novembre, les opposants au Lyon-Turin ont organisé à Lyon la première manifestation de leur "avant sommet franco-italien". Une mobilisation avant la rencontre des chefs d'Etats.
Discutée depuis plus de 20 ans, la construction d'une ligne TGV entre Lyon et Turin, censée également favoriser le développement du fret ferroviaire de part et d'autre des Alpes, est de plus en plus vivement contestée par les écologistes, les agriculteurs locaux et même par la Cour des comptes. A la veille d'une décision "ferme et définitive" des Etats, les opposants multiplient les réunions. Dans l'assemblée, des personnes "très remontés" contre le projet et même des élus savoyards qui, autrefois, pensaient le projet intéressant mais qui, aujourd'hui, sont en passe de changer d'avis. C'est le cas de Dominique Dord, le député-maire UMP d'Aix-les-Bains.
Un projet de plus en plus contesté (avec AFP)
Lancée lors d'un sommet franco-italien en 1991, cette ligne, censée entrer en service en 2025, a pour objectif de diminuer de moitié le trajet Lyon-Turin, le faisant passer à 2 heures. Elle doit mettre Paris à un peu plus de 4 heures de Milan contre 7 actuellement. Avec le retard pris, l'entrée en service ne devrait pas se faire avant 2028-2029, la question la plus complexe étant toujours celle du financement dans une période de contraintes budgétaires.
Un TGV et surtout du fret ferroviaire
Le projet vise à construire une véritable "autoroute ferroviaire", afin de transférer l'équivalent d'un million de poids lourds par an de la route vers le rail. Trois millions de tonnes d'émissions de CO2 seraient alors évitées chaque année, selon les partisans du projet.
Aujourd'hui, seuls 10% des marchandises traversent les Alpes entre la France et l'Italie par le rail contre 60% en Suisse et 30% en Autriche.
Des opposants de tous bords
Les écologistes, qui y étaient favorables dans un premier temps, s'opposent maintenant fermement au projet. Ils participent à "l'avant-sommet franco-italien" qui devrait réunir plusieurs centaines d'opposants au projet à Lyon ce week-end, venus notamment d'Italie où l'on sait la question de plus en plus sensible avec la multiplication des actions des "No TAV". Plusieurs élus d'EELV en seront, dont le député européen José Bové.
Réunis fin octobre à Chambéry, des membres des partis écologistes français, suisses et italiens ont ainsi condamné "inconditionnellement tous les projets de nouveaux percements" dans les Alpes.
Ils estiment que le tunnel du Mont-Cenis permet déjà d'assurer un report du fret routier vers le rail et qu'un nouveau tunnel n'est pas justifié tant que le trafic ferroviaire n'augmente pas. La ligne actuelle ne voit en effet transiter que 4 millions de tonnes de fret par an pour une capacité de 15 millions.
Les organisations agricoles craignent pour leur part de voir disparaître 680 hectares de terres avec la construction de la nouvelle ligne.
Les critiques de la Cour des Comptes
Les opposants ont récemment reçu un soutien de poids, celui de la Cour des comptes qui a vertement critiqué cette liaison ferroviaire dans un référé rendu public début novembre.
La Cour pointe le "pilotage insuffisant" du projet, son financement "non défini", son coût "en forte augmentation" (de 12 milliards d'euros en 2002 à 26,1 milliards aujourd'hui) et sa "faible rentabilité socio-économique".
Au vu de ces critiques, la cour a demandé au gouvernement de "ne pas fermer trop rapidement l'alternative consistant à améliorer la ligne existante".