La destruction des manuscrits de Tombouctou trouve un écho particulier en Rhône-Alpes. Depuis plusieurs années, des chercheurs lyonnais de l'ENS et de l'INSA travaillent en effet en partenariat avec des bibliothécaires de Tombouctou à la numérisation et la traduction de ces documents anciens.
Mais ce travail de numérisation est à l'arrêt depuis la prise de la ville par les groupes armés islamistes. Les chercheurs lyonnais impliqués dans ce projet de conservation sont aujourd'hui très inquiets. On ignore combien de manuscrits ont été brûlés par les fondamentalistes avant de quitter Tombouctou. Des destructions perpétrées quelques jours avant la reconquête de la "perle du désert" par les forces armées françaises et maliennes. Le nombre exact de manuscrits brûlés n'a pas encore été déterminé mais le bilan pourrait s'élever à 20 000 documents détruits.
Des trésors qui ont échappé à la destruction
Tombouctou abritait quelque 300 000 manuscrits anciens, selon l'Unesco. La plupart de ces textes anciens conservés à Tombouctou ne se trouvaient pas dans le bâtiment qui a été mis à sac. En fait, un seul des deux bâtiments de l'Institut des hautes études et de recherches islamiques Ahmed Baba (IHERI-AB) a été saccagé. Par ailleurs, la majeure partie des précieux textes aurait été discrètement mise à l'abri à Bamako avant l'arrivée des islamistes dans la ville malienne. Des manuscrits ont également été cachés par des anonymes dans "la ville des 333 Saints".
Les manuscrits de Tombouctou représentent un véritable trésor culturel, remontant à l'époque où la cité mythique a été la capitale intellectuelle et spirituelle de l'Islam en Afrique aux XVe et XVIe siècles, accueillant jusqu'à 25 000 étudiants. Certains sont encore plus anciens, datés du XIIe siècle et même de l'ère pré-islamique.
Essentiellement rédigés en peul et en arabe, ces ouvrages traitent d'astronomie, de musique, de botanique, de pharmacie, de droit, d'histoire ou encore de politique. Les supports en sont variés: parchemin, papier d'Orient, peaux de moutons et même... omoplates de chameau.
A lire : "Les manuscrits de Tombouctou" de Jean-Michel Djian (Ed.JC.Lattès)